Jeudi dernier 11 avril 2013 à Toulouse, un consortium composé d’industriels, de chercheurs et d’universitaires a officiellement annoncé le lancement de SOGRID. Il s’agit d’un vaste projet industriel et de développement, dont l’objectif est de développer les Smart Grids. SOGRID se présente comme un projet majeur, innovant et à la pointe de la technologie, un projet industriel aux ambitions mondiales, soutenu par l’ADEME pour le compte de l’État dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir, et coordonné par STMicroelectronics au sein d’un consortium de 10 partenaires. Il permet de construire les des «réseaux électriques intelligents» également appelés «Smart Grids».
Ce projet est mené par STMicroelectronics et ERDF. Il est composé d’une dizaine de partenaires. Son financement s’élève à hauteur de 27 millions d’euros. Il est à noter qu’il a reçu un soutien important de 12 millions d’euros de l’Ademe (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) dans le cadre des investissements d’avenir. Ce projet avait été retenu en septembre 2012 dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt “smart grid”.
Jusqu’en 2015 ce n’est pas moins d’une centaine d’acteurs, chercheurs ou industriels qui seront mobilisés autour de ce projet. Conjointement à STMicroelectronics et ERDF,on retrouve des groupes importants comme Nexans, Sagemcom, Landis+Gyr (spécialisé dans le comptage électrique et solutions de gestion des énergies, filiale du groupe Toshiba), Capgemini, pour les partenaires industriels. Les PME sont présentes également via Trialog et LAN. Les universités et centres de recherche le sont également avec la participation de Grenoble INP, l’École polytechnique (via son laboratoire informatique LIX).
Comme nous l’avons vu dans un précédent billet relatif à la transition énergétique, maintenir l’équilibre entre la production et la consommation, intégrer sur le réseau des énergies renouvelables décentralisées et le défi qui doit être relevé. Si l’on rajoute à cela la possibilité pour le client de maîtriser sa consommation on arrive à la promesse annoncée par le projet SOGRID. La vocation du projet SoGrid consiste à mettre en place un réseau électrique interactif, qui communique. Il est lancé afin de construire les fameuses Smart Grids. Ce projet formalisera une chaîne globale de communication qui permettra à tous les équipements reliés au réseau de pouvoir échanger des données et ainsi pouvoir interagir.
« Nous avons développé une puce nouvelle génération » explique Thierry Tingaud PDG de STMicroelectronics, « qui permet, en l’équipant aux compteurs électrique de constituer un réseau intelligent ». Ce « smart grids » permettrait notamment de détecter en temps réels les possibles pannes qui pourraient survenir tout en ayant la possibilité d’agir à distance.
« Pour le moment, il n’existe aucun équivalent dans le monde » souligne Michèle Bellon, présidente du directoire d’ERDF, « ces expérimentations place la France en avance sur les autres pays » surenchérit François Moisan, directeur stratégie et recherche de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie).
Ce test grandeur nature, d’une durée d’un an prévu entre 2014 et 2015, doit permettre de connaitre en temps réel l’état du réseau, basse et moyenne tension. Ainsi, il sera possible de gérer les pics de consommation qui le saturent, de localiser les pannes, de piloter les interventions, et aussi d’intégrer les énergies renouvelables d’origine éolienne et photovoltaique, assure Michèle Bellon, présidente du directoire d’ERDF.
A terme avec ce système global les professionnles de la filière énergie électrique pourront bénéficier des multiples apports des Smart Grids, à savoir :
- la connaissance en temps réel des événements survenus en tout point du réseau
- la possibilité d’agir à distance sur le réseau
- l’intégration sur le réseau des sources d’énergies renouvelables décentralisées
- l’anticipation et accompagnement des nouveaux usages de l’électricité, en prenant en compte de nouveaux modes de vies dont en particulier le développement du véhicule électrique
- la possibilité d’assurer à chaque instant l’équilibre entre production et consommation
- la gestion des pics de consommation, grâce à l’effacement de certains appareils
Pour le consommateur cela devrait se traduire par :
- la possibilité de maîtriser sa consommation
- l’assurance de bénéficier d’une qualité de service renforcée
Dans le cadre de ce projet, différents composants seront développés et mis en oeuvre:
- une puce électronique qui trouvera tout naturellement la contribution de STMicroelectronics. Son but est de servir de cerveau des communication (elle sera également compatible avec les compteurs intelligents Linky),
- des équipements susceptibles d’embarquer cette puce (compteurs, capteurs, coupleurs…)
- les logiciels et applications capables de donner de l’intelligence à l’ensemble et s’interfaçant avec les infrastructures du gestionnaire de réseau.
L’ambition du projet est donc de proposer au final, un système global et cohérent, reposant sur le CPL (Courant Porteur en ligne), et de le pousser au niveau mondial afin d’en faire un standard. Le CPL permet de faire transiter des données informatiques sur le réseau électrique, les lignes électriques serviront également de réseau de données.
SOGRID qui veut tout simplement dire Sud-Ouest GRID sera expérimentée sur le territoire de Toulouse Métropole, à la fois en zone urbaine et en zone rurale. En 2014-2015, une expérimentation aura lieu auprès de 1000 clients d’ERDF.
Cette expérimentation grandeur nature sur l’ensemble de la chaîne de distribution électrique, qui durera au moins six mois, aura pour objectif de valider la pertinence technique de cette infrastructure pour le gestionnaire de réseau de distribution, de comprendre le comportement des clients et de montrer comment fonctionnera le réseau de demain. Cette phase testera plus particulièrement les capacités de surveillance (état du réseau, localisation des défauts…) de pilotage et d’intervention (localisation des pannes, modulation de puissance…) en temps réel sur le réseau permises par la nouvelle chaîne de communication.
Suivra ensuite un déploiement à plus grande échelle à partir de 2016. Les 35 millions de compteurs français devraient être équipés pour 2020. Le système devrait également connaître un avenir à l’export: le marché mondial potentiel se chiffre à 1,7 milliards de matériels dont 253 millions pour la seule Europe et 150 millions en Afrique et au Moyen-Orient. En France, c’est plus de 35 millions d’équipements communicants qui devront être mis en service.
Les questions du consommateur ne manqueront pas d’être posées comme celles déjà suscitées par le compteur Linky, expérimenté par ERDF mais aujourd’hui un peu en «stand-by». Il a été accusé d’être un «mouchard» potentiel de la consommation des ménages. D’après Michèle Bellon, il s’agissait simplement «d’un déficit de communication à l’époque», en soulignant que les associations de consommateurs sont favorables au nouveau projet. Espérons que la communication soit meilleure cette fois-ci…
Affaire à suivre…