La période est souvent fatidique pour un certain nombre de personnes. Les chauffages se remettent en route, la chaudière tourne à plein régime et les cheminées crépitent de plus belle. Le froid engendre l’utilisation d’appareils susceptibles de provoquer des dégagement de monoxyde de carbone. Voici quelques éléments de préventions, de surveillance et de détection de celui que l’on appelle tout simplement le CO.
Qu’est-ce que le monoxyde de carbone?
Le monoxyde de carbone est le plus simple des oxydes du carbone. la molécule est composée d’un atome de carbone et d’un atome d’oxygène ; sa formule brute s’écrit CO et sa formule semi-développée C≡O ou |C≡O|. Ce corps composé est à l’état gazeux dans les conditions normales de pression et de température.
Son émanation provient d’une mauvaise combustion c’est à dire d’une combustion incomplète de composés carbonés et ce quel que soit le combustible utilisé : bois, butane, charbon, essence, fuel, gaz naturel, pétrole, propane.
Elle est accentuée par une mauvaise alimentation en air frais et/ou une mauvaise évacuation des produits de combustion. Bref le phénomène s’empire lorsque la ventilation n’est pas ou n’est plus bonne.
Le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore. Sa densité est voisine de celle de l’air. Il diffuse très vite dans l’environnement.
Pourquoi le monoxyde de carbone est-il dangereux?
Le monoxyde de carbone agit comme un gaz asphyxiant très toxique qui, absorbé en quelques minutes par l’organisme, se fixe sur l’hémoglobine. Les chiffres sont éloquents:
- 0,1 % de CO dans l’air tue en une heure
- 1 % de CO dans l’air tue en 15 minutes
- 10% de CO dans l’air tuent immédiatement.
L’intoxication par le monoxyde de carbone représente en France 6 000 à 8 000 cas par an dont 90 (en 2006) à 300 décès. C’est la première cause de mortalité accidentelle par toxique en France.
Lorsque le monoxyde de carbone (CO) est inhalé dans l’air il est absorbé par les poumons lors de la respiration. Ses propriétés toxiques sont le résultat de sa combinaison avec l’hémoglobine, protéine qui transporte habituellement l’oxygène dans le sang. Cette liaison aboutit à la formation d’un composé relativement stable, la carboxyhémoglobine (HbCO), qui empêche l’hémoglobine de jouer son rôle de transporteur de l’oxygène vers les tissus.
En raison de l’affinité beaucoup plus grande de l’hémoglobine pour le CO que pour l’oxygène, lorsque l’on inspire de l’air contenant du CO, celui ci se fixe préférentiellement sur l’hémoglobine, prenant ainsi la place de l’oxygène. Le CO peut également se combiner à d’autres protéines, tels la myoglobine du muscle et certains cytochromes.
La réaction de formation de la carboxyhémoglobine est réversible, ce qui permet l’élimination du CO par voie respiratoire soit en replaçant le sujet dans une atmosphère saine, soit en lui faisant respirer de l’oxygène, éventuellement à forte pression (oxygénothérapie hyperbare).
Il y a rarement une seule victime, mais plus souvent toute une famille, parents et enfants.
Comment surviennent les intoxications au CO?
Comme on l’a vu précédemment les CO est produit lors des combustions. Il est donc normal de noter que dans une majorité des cas, les accidents résultent :
- de la mauvaise évacuation des produits de combustion (conduit de fumée obstrué ou mal dimensionné)
- de l’absence de ventilation dans la pièce où est installé l’appareil (pièces calfeutrées, sorties d’air bouchées)
- du défaut d’entretien des appareils de chauffage et de production d’eau chaude ainsi que les inserts, poêles, cuisinières, chauffages mobiles d’appoint
- de la vétusté des appareils
- de la mauvaise utilisation de certains appareils (appareils de chauffage d’appoint utilisés en continu par exemple, groupes électrogènes ..)
- de l’incompatibilité des différentes installations présentes dans un même logement (exemple : foyer ouvert et chaudière).
Il faut dire aussi que l’on observe souvent, lors d’accident, un cumul de défauts et d’autres facteurs cités…
La meilleur arme contre le monoxyde de carbone est donc la prévention et l’entretien de ces sources possibles d’émanation.
Quels sont les symptômes d’une intoxication au CO?
Pour reconnaître une intoxication au monoxyde de carbone on peut identifier les signes suivants. Ces signes cliniques ne sont pas spécifiques:
- les maux de tête ou céphalées (environ 80 % des cas),
- les vertiges (75 % des cas),
- les nausées (51 % des cas).
- le malaise est aussi fréquent.
- L’asthénie, l’impotence musculaire surtout des membres inférieurs sont aussi classiques.
- troubles de la vision, de l’odorat ou du goût, troubles du sommeil, de la mémoire, de l’attention, douleurs thoraciques, abdominales, musculaires peuvent être rencontrés à des fréquences variables
Le CO a été décrit comme « le grand imitateur » car les intoxications donnent lieu à un grand nombre de faux diagnostics de grippe, de gastro-entérites ou d’autres affections bénignes.
Une exposition plus importante provoque des signes neurologiques et sensoriels :
- excitation,
- agitation,
- ataxie (trouble neurologique),
- confusion,
- plus graves: perte de conscience (16 % des cas)
- et coma (3 à 13 % des cas).
Toutes les intoxications n’ont pas la même importance on note par exemple 2 types :
- l’intoxication aiguë, qui entraîne une intervention des secours en urgence et se manifeste par des vertiges, une perte de connaissance, une impotence musculaire, voire un coma et le décès ;
- l’intoxication chronique, qui entraîne des maux de tête, des nausées, une confusion mentale. Difficilement détectable, elle peut entraîner, à la longue, des troubles cardiaques ou respiratoires. Ce type d’intoxication est actuellement suspectée de perturber le développement cérébral des enfants et notamment leur fonctionnement intellectuel.
Que faire en cas d’accident ?
En cas d’accident dû au monoxyde de carbone les consignes de sécurité sont simples :
- Aérer immédiatement les locaux en ouvrant portes et fenêtres.
- Arrêtez les appareils à combustion si possible.
- Faire évacuer les locaux et vider les lieux de leurs occupants.
- Appeler les secours : Pompiers : 18 pour les pompiers ou 15 pour le SAMU
- Ne réintégrer les locaux qu’après le passage d’un professionnel qualifié qui recherchera la cause de l’intoxication et proposera les travaux à effectuer.
- Contacter la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales du département ou, pour Paris et les départements 92, 93 et 94, le Laboratoire Central de la Préfecture de Police. Ces services sont en mesure de vous donner des informations complémentaires.
L’intoxication aiguë est malheureusement spectaculaire car souvent plusieurs membres d’une même famille sont touchés, voir une collectivité toute entière (salle de réunion, de mariage, église, restaurant). En cas d’accident, les intoxiqués même légers sont transportés vers l’hôpital et mis sous oxygénation dès leur prise en charge par les services de secours, pour accélérer l’élimination du monoxyde de carbone.
A l’hôpital, les intoxiqués les plus graves sont placés en caisson hyperbare pour une séance de 90 minutes. Après l’accident, un suivi médical devrait être assuré par l’hôpital pendant une année.
En cas d’intoxication grave, des séquelles sont possibles. Les personnes ainsi touchées risquent d’être atteintes ultérieurement de migraines chroniques, de dépendances neurologiques invalidantes (troubles de la coordination motrice, paralysies de toutes formes).
Que penser des détecteurs de monoxyde de carbone ?
Il existe sur le marché des détecteurs de monoxyde de carbone, pour lesquels des procédures d’évaluation sont en cours. Une étude a été confiée par les ministères chargés de l’intérieur, du logement et de la santé, au Laboratoire national de métrologie et d’Essais (LNE) afin de tester la fiabilité de ces appareils. Les résultats sont attendus.
Si vous choisissez aujourd’hui d’équiper votre logement d’un détecteur, il est souhaitable de vous assurer au préalable que le détecteur que vous avez choisi soit déclaré par le fabricant conforme à la norme européenne NF EN 50291 (cette mention doit figurer sur l’emballage du produit).
Communicants ou non avec un système d’alarme domotique, ces détecteurs ne suffisent pas pour éviter les intoxications. La prévention des intoxications passe donc prioritairement par l’entretien et la vérification réguliers des appareils à combustion, la bonne ventilation des locaux et l’utilisation appropriée des chauffages d’appoint.
Il est donc bon de rappeler que l’entretien des chaudières préservent et améliorent les performances de son installation de chauffage mais… pas uniquement!
En 2011, 915 intoxications accidentelles domestiques à des émanations de CO ont été recensées, impliquant 2 706 personnes dont 1 901 ont été transportées vers un service d’urgence hospitalière.