Le saviez-vous? Depuis le 1er juillet 2013, les bureaux, vitrines, façades et bâtiments doivent être éteints la nuit. Si cette information vous est étrangère c’est que vous êtes passés à côté de ce qui est une obligation depuis maintenant 6 mois. Cette mesure doit permettre d’économiser l’équivalent de la consommation annuelle d’électricité de 750 000 ménages, d’éviter l’émission de 250 000 tonnes de CO2 et de réaliser une économie de 200 millions d’euros. Depuis sa mise en application il y a 6 mois quels renseignements peut-on en tirer?
C’est donc depuis le 1er juillet 2013 que l’éclairage des bureaux, celui des vitrines ou encore ceux qui illuminent les bâtiments la nuit est réglementé. La finalité à cela est de favoriser les économies d’énergie. Si en même temps on peut réduire les nuisances lumineuses également appelée dans certaines cas la pollution lumineuse on aura fait d’une pierre deux coups.
L’année 2013 a été rythmée par 2 phases principales. La première a été consacrée à l’information et la sensibilisation des acteurs concernés. Elle s’est achevée le 1er juillet 2013 date de rentrée en application de l’obligation. La deuxième phase a alors démarrée. Elle concerne sa mise en application progressive. Cette 2ème étape a finalement été semblable à la première: information et sensibilisation ont été également la règle au 2ème semestre. Point de sanctions… Pour l’instant. L’année “pédagogique” a porté ses fruits et la mesure est aujourd’hui globalement connue. La mise en œuvre va être maintenant renforcée. Vous êtes maintenant prévenus…
Après 6 mois d’application de l’arrêté, le Ministère du Développement Durable dresse un premier bilan assez mitigé des actions menées. Et pour tenter de montrer le bon exemple c’est via son propre parc de bâtiments ainsi que celui des autres ministères que la leçon est tirée. Sont pris en exemple également l’évolution du régime d’extinction des bâtiments publics de certaines grandes villes (Paris, Strasbourg, Lyon, Lille). Le bilan est fait au 31 janvier 2014.
Il en ressort que les ministères cités par le rapport ont joué le jeu sans être d’une exemplarité démesurée. La Grande Arche de la Défense où réside une bonne partie du Ministère de l’écologie du développement durable et de l’énergie, doit par exemple continuer à être éclairée dans les couloirs la nuit “pour des raisons de sécurité” conformément à la réglementation des Immeubles de Grande Hauteur. L’extérieur est quand a lui éteint à 1h du matin. Le Ministère de l’intérieur fait la promotion de la domotique car il “incite par ailleurs à financer des systèmes d’extinction automatique pour les bâtiments qui en sont dépourvus”. Quand aux bâtiments du Ministère de la Culture et de la Communication, à la fin de l’année 2013 seuls la moitié étaient conformes à la réglementation…
Dans le secteur privé le tableau est identique. Si l’on prend le quartier d’affaires de La Défense par exemple, Même si des efforts sont faits, ils sont inégalement répartis. Certaines tours sont revenues vertueuses alors que d’autres dépensent plus qu’avant! Des courriers de sensibilisation ont été adressé à certaines d’entre elles pour leur signifier de respecter la réglementation. La règle reste la prévention.
A Paris le régime d’extinction est en place officiellement depuis 10 ans. Il est appliqué avec plus ou moins de bonheur. Plusieurs courriers de rappels à la réglementation ont été envoyés à certaines entreprises et des courriers d’information ont également été adressé aux bailleurs sociaux en décembre 2013. La liste des bâtiments vertueux et à discipliner a été dressé par le bureau d’études « B et L évolution » qui a réalisé l’étude sur les bâtiments du site de La Défense. Voici ce qu’il en ressort:
Attention, tout comme en ce qui concerne l’enquête réalisée sur le site de La Défense, « B et L évolution » n’est pas compétent en ce qui concerne le constat et la poursuite des infractions. Le bureau d’études n’a donc pas pu se faire préciser si les bureaux allumés étaient occupés ou non…
A Strasbourg par exemple, sur les 19 bâtiments étudiés, 11 maintiennent leurs façades allumées après 1h et 7 conservent leurs espaces intérieurs éclairés. Les libertés prises avec la réglementation ne sont pas purement parisiennes!
Comme on le voit, le respect de cette réglementation n’est pas acquis. Même si dans la pensée collective le bon sens est loué, rare sont ceux qui le mettent effectivement en pratique. Pour participer à l’effort collectif de l’extinction des lumières s’il peut paraître rébarbatif à certains d’éteindre les lumières en partant, une simple automatisation des éclairages par un système domotique pourrait éviter d’avoir à le gérer manuellement…
Le communiqué du Ministère est évasif dans ses appréciations. Alors que certaines communes ont progressé la grande majorité souffre d’inerties à la mise en oeuvre. Ce constat est renforcé par un sondage réalisé par TNS Sofres en janvier 2014 : 65 % des personnes interrogées annoncent ne pas avoir noté de changement depuis la mise en place de cette mesure. Seuls 28 % annoncent avoir noté une évolution positive. Selon une observation de l’ANPCEN réalisée entre automne 2013 et février 2014, seules 10 000 communes – soit moins d’un tiers de la France Métropolitaine – ont mis en oeuvre cet arrêté sur tout ou partie de leur territoire….
Pour résumer on pourra retenir qu’à ce jour aucun effort supplémentaire significatif n’a été réellement consenti.
Pour terminer le dossier et pour rappel, voici les principales dispositions de l’arrêté du 25 janvier 2013 :
- les éclairages intérieurs de locaux à usage professionnel soient éteints une heure après la fin de leur occupation ;
- les éclairages des vitrines de magasins de commerce ou d’exposition soient éteints au plus tard à 1h ou une heure après la fin de leur occupation si celle-ci intervient plus tardivement ;
- les éclairages des façades des bâtiments non résidentiels soient éteints au plus tard à 1 heure.
-
les vitrines de magasins de commerce ne doivent pas être allumées avant 7 heures du matin (ou une heure avant l’ouverture desdits commerces si elle
intervient plus tôt)
- les façades des bâtiments non résidentiels ne doivent pas être
éclairées avant le coucher du soleil.
Source : Bilan au 31 janvier 2014