Il y a quelques années nous nous étions offert un ensemble home cinéma afin de profiter de bons moments avec le vidéo projecteur et son acolyte l‘écran de projection DIY. L’ensemble nous a toujours donnée une grande satisfaction. L’ampli 7.1 marche toujours sans sourciller. Le lecteur CD / DVD a quant à lui donné ces derniers temps des signes de faiblesses. Il ne lisait plus certains supports que nous lui donnions. Il les avale, les fait tourner mais aucun signal n’accroche. On arrivait tout de mêmes à nos fins en insistant jusqu’à ce jour où plus aucun CD / DVD ne pouvait être lu. Et oui, à cette époque du dématérialisé il reste des personnes qui aiment toujours utiliser ces supports physiques. Le fait d’avoir un stock important de DVD pour les enfants y est pour beaucoup. Le lecteur devenu inutile aurait pu rejoindre la décharge. Au lieu de ce destin funeste, voici comment j’ai pu lui donner une seconde jeunesse.
Le lecteur CD / DVD, tout comme l’ampli audio/ vidéo, est de marque Cambridge Audio. Ce modèle DVD89 était en janvier 2007 un modèle réputé. La marque anglaise proposait pour un combiné Hi-Fi / Home Cinéma un son audiophile qui nous plaisait beaucoup. La panne nous a bien contrarié. En plus de nous faire remémorer tous les bons films visionnés (et quelques nanars tout de même aussi) elle nous a rappelé l’accompagnement fréquent via une diffusion de CD. Comme on n’a pas vu le temps passé, à l’occasion de sa panne, et je ne sait pas pourquoi, on a eu l’idée saugrenue de vouloir retrouver la facture afin de voir la date de fin de garantie. Un matériel à ce tarif ne devait pas tomber en panne si tôt. On ne s’est pas rendu compte que le temps avait passé et que cela faisait tout de même 8 ans de bons et loyaux services. On ne pouvait pas le laisser tomber. Il fallait sauver l’Hi-Fi.
Comme souvent la première recherche pour la sauvegarde d’un objet cassé et pour tenter de le réparer, passe par une recherche sur Internet. Le site de fabricant ne référence plus ce modèle. La partie support, dernier bastion des références déclassées, ne le mentionne même plus. Une recherche plus approfondie sur le web m’indique que des personnes ont également eu des soucis similaires en… 2013. Je me sent d’un coup moins seul et l’espoir de pouvoir soigner ce compagnon tant Hi-Fi que Vidéo renaît. Leur diagnostique annonçait que la lentille laser était défectueuse. Le remède consistait à la changer pour en greffer une neuve. Trouver une pièce de rechange pour un modèle datant de 2007 relevait du vrai miracle… Il fallait commencer par trouver une référence. Je suis alors tombé un peu par hasard sur ce billet d’un forum de passionnés de Hi-Fi m’indiquant le modèle de lentille utilisé par le lecteur. Je savoure d’autant plus la trouvaille que le gentil internaute indique qu’il s’agit d’un modèle qui n’est pas exotique : la référence de la lentille et du bloc platine est Sanyo DV34 / SF-HD65. Merci pour ces précieuses informations cher “DataPro”!
Un petit tour par ebay me fait découvrir que la pièce défaillante + son support ne sont pas beaucoup plus onéreuses que la lentille laser seule. Autre bonne nouvelle, le coût de la pièce de rechange n’est pas non plus financièrement prohibitive. A 13,22 € port compris, le risque financier était mesuré. Je n’avais jamais encore réparé un lecteur CD / DVD et je me disait qu’avec un peu de chance je ne serait pas forcément plus incompétent qu’un autre. J’ai donc passé commande du bloc platine complet. Cela m’évitera par la suite de devoir ajuster les 2 rails glissières sur lesquels se promène la lentille laser. Il faut qu’il soient remontés bien parallèles et pas trop visés d’après ce que j’avait pu lire. Pour quelques centimes de plus, le bloc entier me faisait gagner un temps important d’ajustement. Il m’évitait également de manier le fer à souder sur de l’électronique de précision…
L’article commandé est arrivé 2 semaines après en provenance de Chine. Cela correspondait au délai annoncé. Pas de surprises de ce côté là. Le colis était bien emballé. J’ai mis a contribution un après midi au calme pour m’y atteler. L’opération à cœur ouvert devait être un succès. Les DVD Disney des enfants en dépendaient. L’honneur du père bricoleur était en jeu. Les enfants soyez sages, papa bricole.
Le lecteur débranché est venu sur la table de la salle à manger. Les vis de maintien de la carcasse étaient les premières à être retirées. Le boitier ouvert a dévoilé un intérieur rempli de… vide. La carte électronique principale se bat en duel avec l’alimentation et le lecteur. Il y a beaucoup d’espace non utilisé! Pour pouvoir faire marche arrière sans encombre j’ai pris des photographies de chaque câble que je débranchais et de chaque nappes que je retirais.
Je me suis dit que cela me permettra de ne pas chercher le sens d’un branchement trop longtemps et que cela rendra le remontage plus confiant. C’est une bonne astuce lorsque l’on part à l’aventure. Mon smartphone dans une main semait des petits cailloux alors que de l’autre main le tournevis me faisait avancer sur des sentiers inconnus.
Pour désolidariser le lecteur de DVD du boîtier je devais retirer la façade du tiroir. Aucune vis, aucun clips pour me permettre de le retirer. Finalement il était simplement collé avec une espèce de scotch double face permettant son détachement de manière aisée. Ne voulant rien casser, C’est finalement cette étape qui aura peut être été la plus longue.
Le bloc de la lentille séparé du tiroir à DVD pouvait être enfin échangé. C’est à ce moment que je me suis rappelé du petit papier accompagnant d’un anglais approximatif, la lentille laser chinoise livrée par la poste.
Avec cette information digne d’une énigme pour qui est un néophyte en montages de lentilles laser, j’ai refait le lien avec le post du forum salvateur qui parlait d’une manipulation à faire avant la mise en marche.
Très important : il y a un point de soudure à retirer sur le bloc optique afin que la diode laser fonctionne. C’est une sécurité antistatique.
Comme aucune documentation n’accompagnait la nouvelle lentille laser, Internet a encore une fois été d’un bon secours. Il n’était pas question de retirer une soudure utile qui aurait été impossible à rétablir mais bien de supprimer une sécurité. Un schéma d’un document PDF m’a mis sur la voie et m’a indiqué que le point de soudure à retirer était celui que je vous présente sur la photographie ci-dessous.
En effet, la plupart de la tête de laser ont ce style de mesure de sécurité : un ou deux points de soudures en système anti-statique pour l’empêcher de dégrader le laser. Pour retirer cette sécurité, il est préférable de porter un bracelet antistatique ou de se laver les mains de prendre le fer à souder ou de démarrer l’installation. Lorsque vous utilisez un fer à souder anti-statique de haute qualité, vous pouvez supprimer le point anti-statique directement. Si vous utilisez un fer ordinaire, la tâche nécessite une attention particulière: portez le fer à la température nécessaire pour la soudure, coupez ensuite l’alimentation électrique du fer.
Je n’étais pas forcément des plus doués à l’école pour les soudures, et je me suis dis que les années qui ont passé n’ont pas eu un effet bénéfique dans ce domaine compte tenu de l’abstinence pratiquée en électronique. J’étais plus doué en théorie et en programmation. Que cela ne tienne. J’entendais déjà les DVD s’impatienter sur l’étagère. Et puis il ne s’agissait pas de souder mais de retirer un point de soudure. L’appréhension s’est vite dissipée. Le coup de fer à souder magique a eu le dessus sur cette sécurité antistatique. L’acte a été chirurgical et précis. Je me suis auto congratulé suite à ce beau travail (ça ne fait jamais de mal).
Il n’y a pas eu de soucis pour le remontage. Les photographies prises aux moments clés ont été mises à contributions et ont dissipées tout doute éventuel. Les câbles avaient finalement des détrompeurs empêchant de les rebrancher dans un mauvais sens. Le moment de remettre l’alimentation et d’appuyer sur le bouton “Eject” afin de présenter la première galette numérique est vite arrivé.
Le DVD inséré c’est mis à tourner. Il a été lu par la nouvelle lentille. Il a été reconnu. Le son et l’image refaisaient leur apparition à l’écran. La mission était accomplie. Le lecteur de CD / DVD familial était de nouveau opérationnel.
Lors de cette opération j’ai eu la chance de pouvoir trouver les références de la pièce défaillante et la chance ensuite qu’elle soit facilement disponible. Ces 2 coup de pouces du destin m’ont permis d’avoir la grande satisfaction de remporter une minuscule bataille à mon niveau face à la société de consommation. Une satisfaction renforcée par le fait que l’opération m’a finalement coûté uniquement 13,22 € et à peine une heure de main d’oeuvre de débutant. Le sourire des enfants accompagnant leur fier remerciements m’ont également conforté que la réparation des objets défaillants jouait doublement en leur faveur.