Constatant que le prix du filament pour imprimantes 3D peut être un frein à l’innovation dans certaines contrées du globe et que d’un autre côté les bouteilles en plastique pullulent et polluent, le projet Polyformer est né pour prendre en charge ces 2 besoins. Pourquoi ne pas réduire les déchets plastiques en les transformant en un filament « low cost » pour les imprimantes 3D ?
Tout dernièrement, le projet Polyformer a encore fait parler de lui en remportant le prix James Dyson Awards dans la catégorie Développement durable. Les 2 concepteurs de la solution, Reiten Cheng et Swaleh Owais ne sont pas peu fiers d’avoir inventé cette machine qui permet de réduire les déchets plastiques en les transformant en un filament « low cost » pour les imprimantes 3D. Ils agissent ainsi sur 2 tableaux : contribuer au recyclage des bouteilles en plastique et faciliter l’accession à l’impression 3D dans des pays dans lesquels le filament reste une matière première onéreuse. Ils indiquent par exemple qu’au Rwanda un rouleau de filament de 1 kilo coûte environ 50$, alors que ce même rouleau ne coûte que 15$ en Amérique…
Polyformer est une machine Open Source, imprimée en 3D, qui recycle les bouteilles en PET (90 % des bouteilles d’eau en plastique sont fabriquées à partir de PET) en les transformant en filaments pour les imprimantes 3D. Polyformer est conçu pour être construit principalement avec des pièces imprimées en 3D et des composants faciles à obtenir que l’on trouve habituellement sur les imprimantes 3D. La plupart des makers et autres bidouilleurs peuvent le construire eux-mêmes. L’architecture modulaire permet aux utilisateurs de changer facilement des pièces et de modifier la machine à leur guise.
Dans son process de recyclage, la machine Polyformer permet de transformer une bouteille en plastique de 500ml en 20 grammes de filament utilisables comme matière première pour une impression 3D. Pour y arriver, il suffit de soigneusement laver la bouteille et de retirer l’étiquette et les traces éventuelles de colle puis de la découper en une fin ruban continu pour enfin l’insérer dans l’extrudeuse de Polyformer. En sortie de cette dernière, on obtient un filament de 1.75 mm qui, une fois refroidi, peut être enroulé sur une bobine.
Ce nouveau filament obtenu à partir de bouteilles en plastique recyclées est annoncé comme pouvant fonctionner dans toutes les imprimantes 3D FDM (Fused Deposition Modeling). Cela tombe bien, cette technologie est celle qui est la plus répandue dans le monde de l’impression 3D et qui a à la base des imprimantes à dépôt de matière fondue. Ces imprimantes 3D “classiques” utilisent en effet ce procédé qui consiste à utiliser un filament plastique fondu par la buse qui est ensuite déposé couche par couche sur le plateau de fabrication de l’imprimante jusqu’à former un objet en trois dimensions fidèle au modèle 3D envisagé.
Les 2 inventeurs de Polyformer pensent que leur solution est d’utilité publique. Ils ont décidé de ne pas breveter leur invention et d’en faire un projet open source. Ils ont donc publié l’ensemble des plans, du code ainsi que les instructions de construction pour que n’importe quel maker puisse fabriquer sa propre machine Polyformer. Côté électronique, un petit Raspberry Pi sera nécessaire pour cadencer la production. Ce partage est motivé par leur volonté d’offrir à tous la possibilité de recycler des bouteilles plastiques en produisant du filament et de permettre de motiver l’innovation grâce à l’impression 3D. À ce jour, ils recensent de nombreuses machines construites à partir de leurs plans dans divers pays du monde : Rwanda, Mexique, Paraguay, France, Allemagne, Argentine,…
Bravo aux concepteurs de Polyformer tant pour leur invention innovante que pour leur geste altruiste qui permet également de valoriser des déchets en leur donnant une seconde vie !
Si la machine vous intéresse, vous trouverez toutes les informations nécessaires et utiles sur GitHub et Discord ainsi que sur le site officiel du projet Polyformer. Si vous n’avez pas le temps ou l’envie de recréer la machine chez vous, elle est vendue en kit par les créateurs au prix de 150$. Cette version est bien entendu imprimée à partir de bouteilles PET recyclées, ce qui lui donne un bel aspect translucide.