Ça y est, elle est enfin là ! La norme Matter pour la Smart Home est officialisée. La Connectivity Standards Alliance a certifié et publié ce mardi 4 octobre 2022 la première version de Matter, le protocole d’interopérabilité pour la maison connectée. L’Alliance est aujourd’hui fière de pouvoir publier la spécification de Matter 1.0 et d’annoncer par la même occasion l’ouverture du programme de certification !
Matter est (enfin) une réalité
Si l’on veut pinailler un peu, la première version définitive de la norme Matter a été rendue publique discrètement ce samedi 1er octobre 2022. Comme la norme est publiée en open source sur GitHub, c’est sur cette plateforme qu’a été publiée la version 1.0 samedi. Depuis, on attendait la communication officielle de la CSA, l’organisme qui a été retenu pour réunir tous les principaux acteurs de la Maison connectée afin de définir un moyen ouvert, fiable et sécurisé pour que les objets connectés de la Smart Home puissent tous discuter. L’acte de naissance est maintenant rendu public.
Le fait que la norme soit enfin disponible dans sa version 1.0 signifie que les entreprises membres de la CSA peuvent désormais soumettre leurs appareils au processus de certification Matter et ainsi obtenir l’autorisation d’arborer un badge indiquant que leurs produits sont conformes au protocole Matter. Pour tester leurs produits et vérifier leur conformité aux spécifications Matter, les membres de la CSA devront contacter l’un des laboratoires de test agréés : Allion Labs, Bureau Veritas, Dekra, Element, Eurofins Digital Testing, Granite River Labs, TUV Rheinland, ou UL Solutions.
Matter cristallise beaucoup d’attentes
L’arrivée de Matter est pressentie pour être un moment fort qui restera dans l’histoire de la domotique. Rien que ça! On sait trop bien aujourd’hui que les produits pour la Smart Home ont tendance à ne pas être compatibles les uns avec les autres. Cet état de fait nuit aux utilisateurs, mais également aux industriels de la Smart Home qui ne peuvent pas développer ce marché. A trop vouloir se protéger, les acteurs de la domotique ont créé des écosystèmes fermés. Cela a freiné bon nombre de clients potentiels qui ne veulent pas être enfermés dans des solutions propriétaires.
Le temps étant venu pour les fabricants de s’unir pour travailler ensemble, ils ont créé, sous la direction de la Connectivity Standards Alliance, la norme Matter qui est présentée comme pouvant être celle qui rendra tout ce beau monde interopérable. Il s’agit d’un protocole de la couche applicative qui permet, sur le papier, aux appareils domestiques communicants de se comprendre et d’interagir ensemble, quel que soit leur fabricant ou leur écosystème.
Dès à présent, si une ampoule est certifiée Matter, elle pourra partager quelques informations de base la concernant avec d’autres appareils Matter, comme le fait qu’elle soit allumée ou éteinte, ses capacités de gradation, sa couleur, etc. Son inclusion dans une maison équipée de Matter se fera tout simplement en Bluetooth Low Energy et un utilisant son smartphone pour scanner son QR code. Pour les connectivités haut débit, Matter s’appuie sur le Wi-Fi tandis que c’est le protocole Thread qui a été retenu pour les communications à faible débit de données.
Quid des installations domotiques existantes ? Doit-on mettre à la poubelle nos box domotiques qui discutent en Zigbee, Z-Wave, EnOcean, ou tout autre protocole domotique ? Pas du tout, il faut “simplement” que le fabricant de votre box ou que le logiciel pilotant votre Smart Home soit mis à jour pour que cet élément serve de relais entre votre maison connectée actuelle et vos prochains objets Matter. De nombreux fabricants sont déjà sur le pied de guerre et l’on devrait voir arriver très rapidement des annonces des fabricants indiquant la nouvelle compatibilité avec la norme Matter.
Matter fait d’alléchantes promesses
Matter intègre un fonctionnement très important dans la maison connectée. Il impose aux appareils de communiquer localement avec les ponts, les passerelles, les hubs et autres contrôleurs. Ceci signifie que votre smart home fonctionnera toujours même en cas d’interruption de votre connexion internet. De ce fait, les objets connectés compatibles avec la norme Matter pourront conserver leurs fonctionnalités de base même s’ils perdent leur connexion au cloud, notamment si le fabricant dudit appareil a fait faillite.
Parmi les avantages qu’apporte la nouvelle norme, on peut noter la fonctionnalité “multi-admin” de Matter. Grâce à elle, les propriétaires de Smart Homes Matter pourront disposer de plusieurs contrôleurs (tels que les appareils intégrant Google Assistant, Apple Siri ou Amazon Alexa) afin de pouvoir piloter et contrôler les différents équipements de leur maison connectée. Vous n’aurez pas à vous limiter ni à vous bloquer dans un seul et unique écosystème. Le contrôle de la maison connectée pourra être partagé entre plusieurs contrôleurs.
Matter a été construit pour apporter ses services à la Smart Home tout en garantissant un haut niveau de sécutité. Les objets connectés pourront être officiellement estampillés Matter que s’ils sont certifiés par des laboratoires indépendants. Cette certification sera rendue publique. Tout objet intégrant une installation Matter devra prouver sa conformité avec la norme Matter (cela se fera de manière transparente pour l’utilisateur final au moment de l’inclusion). Le fabricant doit pouvoir proposer des mises à jour, notamment pour corriger d’éventuelles failles de sécurités. Matter sait qu’elle doit rassurer le consommateur qui est de plus en plus attentif à la sécurité et sensible au respect de sa vie privée.
Matter est issu d’une volonté collective d’interopérabilité
De nombreux acteurs ont déjà communiqué que le travail de mise en conformité avec Matter était en cours. C’est le cas de Philips Hue, de IKEA, de Samsung SmartThings ou encore de Tuya par exemple. En France, on sent que l’on devrait rapidement avoir des annonces provenant de Somfy, Nodon ou de Legrand (Netatmo) qui ont participé depuis le début à l’aventure de la définition de Matter. Google, Amazon et Apple ont déjà leur plan d’action prêt à être déroulé pour mettre à jour leurs appareils pour les rendre compatibles avec Matter.
La CSA compte 550 membres qui participent à l’élaboration de la norme Matter. Cet été, 280 entreprises, dont Amazon, Signify (Hue), Google, SmartThings et d’autres, se sont réunies pour tester leurs produits dans le cadre d’une série d’événements consacrés à la mise à l’épreuve de la norme Matter. D’après les retours des participants, tout semblait fonctionner très bien. On veut bien les croire. J’ai hâte de l’expérimenter personnellement afin de relever la liste des promesses qui seront remplies au démarrage et celles qui ont été remises à plus tard.
Un démarrage à ne pas louper
Dans cette version 1.0 de Matter il est annoncé que la norme prendra en charge toute une série de produits courants de la maison connectée. La Connectivity Standards Alliance indique qu’au lancement, Matter couvrira des domaines tels que l’éclairage et l’électricité, les commandes de chauffage, de ventilation et de climatisation, les couvertures de fenêtre et les stores, les capteurs de sûreté et de sécurité, les serrures de porte, les dispositifs multimédias, dont les téléviseurs, les contrôleurs (dispositifs et applications) et les ponts.
Ces nouvelles facilités d’interopérabilité et la sécurité que Matter apporte à la maison intelligente seront importantes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont très attendues. Matter doit maintenant continuer à fédérer les industriels et à convaincre les clients. On peut s’attendre, comme souvent lors des lancements, à ce que tout ne soit pas disponible au démarrage. Bien qu’opérationnelle, de nombreux éléments laissent à penser que la norme ne prendra pas en charge au début l’ensemble des fonctionnalités promises. La pandémie et l’augmentation du nombre de membres adhérant à la CSA ont entraîné des retards dans la norme. Annoncé pour la première fois fin 2019 en tant que projet CHIP ou Connected Home Over IP, le lancement de Matter a depuis été repoussé à de nombreuses reprises et il est clair que, pour que Matter soit lancé sans plus attendre, le groupe de travail a remis à plus tard certains des cas d’utilisation les plus complexes. Les limitations de cette première mouture seront bientôt connues.
Quoi qu’il en soit, même avec quelques limitations, c’est aujourd’hui un jour important pour la Smart Home. L’officialisation de la première mouture de la norme Matter arrive à temps pour que les premiers appareils et périphériques estampillés Matter puissent arriver à temps pour remplir la hotte du Père Noël. Les premiers produits arborant le logo Matter sont dans les starting-blocs. Les paris sont lancés pour connaître quel sera le tout premier objet compatible Matter! Vous misez sur qui ?