On sait capter des images pour la postérité. La photographie est là pour nous le confirmer. On a la connaissance pour enregistrer un son puis le stocker pour l’entendre plus tard. Les techniques analogiques et numériques ne manquent pas et sont à la portée de n’importe qui. Reproduire le toucher n’est pas trop compliqué. C’est du côté du sens olfactif que les choses se corsent un petit peu. Imaginez un objet capable de capter une odeur, qui permet d’en identifier les composants afin d’en graver pour le futur la composition dans le but de le reproduire à la demande. C’est l’ambition du concept Madeleine.
La “Madeleine” est un concept de designers basée à Londres, Amy Radcliffe et Hélène Combal-Weiss. Il se base sur une technologie actuellement utilisée en parfumerie appelée la “headspace capture”. Il s’agit d’une technique développée dans les années 1970 afin d’identifier les composés odorants présents dans l’air environnant divers objets (environnement appelé headspace, « espace de tête»).
En parfumerie:
La fleur est placée dans un récipient de verre adapté à sa forme, pour éviter tout risque de meurtrissures. Un micro-capteur est placé à l’intérieur du récipient et absorbe pendant plusieurs heures l’air parfumé autour de celui-ci. Les odeurs ne sont pas modifiées, la fleur étant toujours vivante (et non coupée). L’échantillon ainsi obtenu est ensuite étudié par Chromatographie en phase gazeuse pour séparer les différentes molécules les unes des autres, ainsi que par spectrométrie de masse pour savoir la proportion (poids moléculaire) de chacune dans l’échantillon total. Une fleur émettant parfois jusqu’à 400 molécules olfactives différentes, il faut donc sélectionner et harmoniser celles qui vont reproduire le plus fidèlement le parfum recherché.
Avec ce principe, Madeleine peut être considérée comme étant analogue à un appareil photo 35mm qui permettrait de capter non pas les images mais les odeurs. Ce dispositif de “scentographie” enregistre des informations qui correspondrait dans le cas d’un appareil photo à la lumière de l’imagerie visuelle afin de créer des répliques des données moléculaires et de l’information des odeurs spécifiques.
Proust n’étant pas loin le nom de l’objet vient du fait que le système étant conçu en référence à des expériences de temps passé. Elle est conçue pour apporter un bien être émotionnel en exploitant l’utilisation fonctionnelle de la mémoire olfactive et des sens olfactifs.
Pour traiter les “clichés scentographiques”, il faudrait placer une enceinte hermétique sur l’objet de son choix pour récolter son emprunte. Une pompe aspire alors l’air à travers un piège à odeurs. Cela se traduit par la création d’échantillons de parfum sous forme de liquides.
Si nécessaire, ces potions peuvent ensuite être traitée dans un laboratoire de parfum à l’aide d’une machine de Chromatographie en phase gazeuse. Identifiés il ne reste plus qu’à en déduire la formule pour que la fragrance puisse être reproduite.
L’idée est originale. Il reste à s’organiser avec des laboratoires de parfums afin d’apporter les mêmes service que des laboratoires photo chez lesquels on allait déposer ses pellicules photo pour qu’elles soient développées. Et comme au début de la photographie il ne va pas falloir bouger pendant les longues séances de pose.
Source: Wikipedia, The Guardian