Vous n’êtes pas familier avec Z-Wave? Ce n’est pas grave. Vous pouvez approfondir vos connaissance avec cet article. Sinon, il vous suffit simplement de savoir qu’il s’agit d’une technologie sans fil qui permet de faire communiquer des éléments de la maison connectée entre eux. La technologie a été développée par la société danoise Zensys. Sa première apparition sur le marché date de 2005. En 2008, Sigma Designs rachète Zensys. La technologie bien que propriétaire n’est pas dédié à un fabricant de périphériques domotiques. Et c’est sa force. Aujourd’hui, il y a plus de 1500 produits certifiés Z-Wave sur le marché, et 375 entreprises qui fabriquent des produits pour la Samrt Home utilisant cette technologie. Le technologie est en train d’être poussée vers le domaine public.
Une technologie propriétaire mais partagée
Sigma Designs est un fabricant de circuit intégré. C’est également le propriétaire de la technologie Z-Wave. Cette dernière est utilisée dans bon nombre de solutions de Smart Home. Avec le Z-Wave on peut tout fabriquer et tout piloter ou contrôler (ou presque). On peut trouver en Z-Wave des périphériques tels que des serrures connectées, des thermostats, des capteurs, des ampoules, des interrupteurs…
Tout le monde peut accéder à la technologie Z-wave pour peu que l’on sorte son chéquier. Depuis mercredi 31 août dernier, l’entreprise Sigma Designs a changé quelque peu l’avenir de la technologie Z-Wave en libérant dans le domaine public les spécifications techniques de la couche d’interopérabilité de sa technologie sans fils. L’entreprise privée avaient déjà fait don il y a 4 ans de sa norme radio Z-Wave Mac/Phy (couche physique et couche liaison de donnée) à l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), qui l’a adopté comme norme publique de radio numéro G.9959.
Les enjeux de l’ouverture
L’idée derrière tout cela n’est pas qu’une opération de communication. Il s’agit de démocratiser un peu plus la maison connectée en facilitant l’accès à cette technologie sans fil aux entreprises, aux développeurs ou aux communautés de développeurs pour qu’ils puissent développer des passerelles entre des technologies tierces et le Z-wave, ou des plug-ins permettant à des services Web de discuter avec cette technologie sans fil.
En publiant en open source une partie des spécifications, Sigma Designs espère également lutter contre la concurrence de plus en plus forte des offres technologiques concurrentes. L’entreprise répond aussi à l’une des attaques les plus fréquentes des détracteurs du Z-Wave qui lui reprochaient, à juste titre, de ne pas être ouvert mais propriétaire. Il s’agit dans les faits d’une norme propriétaire mais largement répandue et dont l’interopérabilité entre produits des différents les fabricants est mise en avant.
Une ouverture ciblée
Sigma Designs va un peu plus loin en libérant également des pans entiers de sa technologie qui permettent d’interagir avec le Z-Wave. L’ouverture cible clairement l’interopérabilité.
Les technologies suivantes tombent également dans le domaine public:
- les spécifications des API utilisées par les passerelles internet et mises en oeuvre pour communiquer avec les périphériques Z-Wave dans la maison. On parle des spécifications de Z/IP (Z-Wave over Internet Protocol) et Z-Ware (Z-Wave middleware).
- les spécifications complètes de son framework de sécurité Z-Wave S2. Cela permet aux experts de la sécurité de jeter un oeil averti dans les entrailles du fonctionnement de la sécurité Z-Wave afin de la valider ou de faire des retours circonstanciés permettant d’améliorer le système
Contrer la concurrence
Dans un monde idéel, on n’aurait pas besoin de connaître la technologie qui travaille derrière notre maison connectée. Mais la réalité se veut tout autre et on est rapidement confronté au fait que les offres de la Smart Home ne sont pas compatibles entre elles. Trop de technologies se battent encore en arrière plan. Dans ce bazar orchestré par les industriels on retrouve des acteurs qui se battent pour des protocoles et des technologies qui ne discutent pas entre elles.
Avec le Z-Wave, il y a des acteurs tels que:
- Thread (basé très largement sur des technologies provenant de Nest racheté par Google),
- ZigBee (un standard IEEE poussé notamment par Philips),
- AllJoyn (developé par Qualcomm, puis confié à la Linux Foundation),
- Open Interconnection Consortium (promue par Intel),
- EnOcean (qui est issue des travaux de Siemens)
- Bluetooth Low Energy (une variante de la technologie utilisée par les écouteurs sans fils)
- Wi-Fi (très répandu dans le monde des ordinateurs, des tablettes et des smartphones)
- …
Dans tout cela on ne parle pas d’Apple qui démarre à peine à pousser son offre HomeKit…
AllJoyn et l’Open Interconnexion Consortium ont déjà annoncé des volontés de mettre en commun leurs ressources. Le Thread Group et l’Alliance ZigBee ont établi de leur côté un partenariat similaire. Placer la technologie Z-Wave dans le domaine public ne réglera pas la guerre des normes de l’IoT d’un coup de baguette magique. En revanche, Sigma Designs espère faciliter la décision et guider vers le Z-Wave le choix des entreprises qui conçoivent aujourd’hui ces produits.
La voie est (presque) libre
Les spécifications publiques du Z-Wave fournies aux développeurs de services Cloud, les fabricants de passerelles, les amateurs de technologie, et d’autres ont maintenant un accès gratuit et facile à la couche d’interopérabilité du Z-Wave. Sigma Design espère ainsi promouvoir le développement de la maison connectée et des applications IdO utilisant cette technologie.
Dès à présent les amateurs éclairés du DIY sont libres de faire ce qu’ils veulent avec la norme Z-Wave. En revanche, pour qu’un développeur ou un constructeur de périphériques désirant voir leurs produits commerciaux être étiquetés de la mention “Z-Wave Certified” il devront rejoindre l’Alliance Z-Wave et soumettre leurs produits aux tests.
La Z-Wave Alliance reste quand à elle un organisme intendant. Elle continue à jouer le rôle de régulateur de la marque Z-Wave, gérant l’adhésion des membres et assurant un processus de certification rigoureux pour tous les produits qui seront mis sur le marché. Pour les consommateurs, le logo Z-Wave garantit la qualité des produits Z-Wave en termes de mise en œuvre correcte des commandes Z-Wave.
Si vous êtes conquis ou simplement curieux, la documentation partiellement libre du Z_Wave est sur le site de Sigma Designs.
merci pour cette info d’importance. Question : en ouvrant le code, cela permet effectivement un regard plus approfondit sur la sécurité. mais suppose peut etre aussi que l’on peut du coup développer qq chose qui permette de voir les les failles des modules déjà commercialisés et donc de les rendre inactifs (peut être pas d’en prendre contrôle puisqu’il faut un appairage) non ?
Merci de ta réponse.
Les spécifications concernant la sécurité concernent le chiffrage qui peut être utilisé par les constructeurs. A priori peu de périphériques actuels le mettent en oeuvre. Seules les serrures Z-Wave s’y intéressent et l’utilisent.
Pour répondre a ta question si l’on a accès aux spécifications on peut identifier les failles dans la théorie de fonctionnement. Elles peuvent être exploitées pour être corrigées ou bien pour utilisées frauduleusement. Avec les spécifications on sait comment marche le protocole mais on ne sait pas comment l’industriel l’a mis en oeuvre dans son périphérique. Il peut éventuellement avoir mis une sur-couche logicielle pour contourner des points faibles.
merci
[…] l’article complet su l’ouverture (partielle) en Open Source du Zwave ici […]