En 2012 nous avons vécu la fin du minitel. En 2014 ce sont les cartes téléphoniques qui ont tiré leur révérence. Un emblème de la télécommunication de rue quittera le paysage urbain de nos villes et villages. L’arrêt de mort des cabines téléphoniques a été signé. Les derniers vestiges encore présent sur les trottoirs des villes donnant accès au réseau téléphonique ne seront plus présent que dans les mémoires et les films anciens. Orange pourra cesser en 2016 son obligation de service universel en échange d’une présence sans trous de son réseau mobile sur l’ensemble du territoire.
En France, les cabines téléphoniques connues également en tant que Publiphones dans le jargon de l’ex-administration des Postes et des Télécommunications sont une obligation légale imposée à Orange. Ce service public historique est soumis à un texte de loi qui prévoit l’existence d’une cabine téléphonique par commune et d’une seconde cabine pour les communes de plus de 1000 habitants. Jeudi 16 avril 2015, le Sénat a voté l’amendement à la loi Macron qui prévoit la disparition des zones blanches, ces dernières zones habitées non couvertes en téléphonie mobile, et qui libère Orange de son obligation de conserver le parc de cabines téléphoniques.
Au 1er avril 2015, Orange entretenait toujours 65 250 cabines sur l’ensemble du territoire. Parmi elles, 39 600 étaient implantées au titre du service universel. En 2014 avec la disparition des cartes prépayées, cela annonçait techniquement quelques difficultés pour pouvoir continuer sereinement à utiliser les cabines téléphoniques. Orange aurait pourtant pu déjà se séparer de ce mobilier urbain communicant, car sa délégation de service universel a officiellement pris fin en février 2014. Depuis régnait un certain flou juridique. Orange a pris comme position le fait de patienter et d’obtenir le feu vert officiel pour retirer les cabines restantes. Le travail avait certes déjà commencé, mais comme l’indique le porte parole d’Orange, ces disparitions ne concernaient que la “dépose de cabines de notre parc commercial, à différencier du parc lié au service universel”.
A vrai dire Orange ne peut que se réjouir de cette décision,. Plus grand monde n’utiliser les services de ces cabines alors que le coût d’entretien est élevé. Pour établir l’ordre de disparition des cabines, Orange se base notamment sur l’utilisation effective de chaque cabine. Le nombre de minutes consommées sert pour identifier les cabines inutiles. Sur le parc toujours en fonction, la moyenne d’utilisation est de moins d’une minute par jour et par cabine. Les clients ont reportés leur dévolus sur la téléphonie mobile mais également sur les différents services de voix sur IP.
Toutes les cabines vont donc pouvoir être retirées de la voie publique d’ici fin 2016. Cela concerne les trottoirs dont les maires des différentes communes lorgnent les quelques m² rendus disponibles. Cela concerne également les gares, les aéroports ou encore les aires d’autoroutes. Les cabines seront recyclées par Orange sauf celles qui seront conservées et pour qui une deuxième vie commencera dans un musée en tant que relique d’une technologie d’antan. Elles n’auront pas le plaisir de se voir courtisées et se voyant s’offrir un marché de revente des cabines d’occasion. Bien moins emblématiques et moins design que celles de Londres elles n’intéressent pas les collectionneurs ni les architectes d’intérieur.
Le démantèlement est donc censé aller de pair avec le développement de la couverture mobile. Orange échange donc une obligation de service filaire contre une obligation de service hertzien. Les opérateurs mobiles vont devoir maintenant respecter leurs obligations de couverture des zones blanches en 2G et 3G (à défaut de 4G). Les cabines téléphoniques ont rempli leur rôle de service universel et peuvent maintenant s’en aller rejoindre tout doucement là haut, le minitel, le Bi-Bop et autres technologies d’une certaine époque dépassée.