Aujourd’hui, je laisse la plume à un lecteur du Blog, Luc, qui nous fait le plaisir de partager son expérience.
Et voilà ! Entre le “top départ” de notre décision d’installer des panneaux photovoltaïques et leur installation, il nous aura fallu près un an… Le GO a été donné au printemps 2021 pour une installation en mars 2022.
Voici mon retour d’expérience qui n’a pas vocation à être une vérité pour tous les projets ni d’être exhaustif non plus. Il s’agit tout simplement d’une volonté de vous partager ce que j’ai découvert et appris lors de cette aventure en espérant que cela puisse vous aider dans ce beau projet.
La maison dont nous parlons ici est dans la banlieue rennaise. Le toit en ardoise est exposé plein sud à quelques degrés près.
Transformer une idée lumineuse
Ne sachant pas par où commencer, je voulais surtout éviter les démarchages que j’avais eu par téléphone et qui fleuraient bon l’arnaque. J’avais entendu parler d’aides de l’État si on travaillait avec des artisans agréés : les professionnels estampillés Reconnu Garant de l’Environnement ou RGE. Il fallait donc les trouver. J’ai commencé par me renseigner sur différents sites dont celui de l’Ademe . Petite information pratique : il y a une antenne Ademe par région ce qui vous permet d’avoir des conseils plus personnalisés.
C’est là où j’ai compris dans quelle direction je souhaitais aller. J’ai opté pour la “formule” d’autoconsommation avec revente de surplus. Cela permet de consommer soi-même l’électricité que l’on produit et de revendre l’électricité que l’on ne consommerait pas.
Pour défricher le sujet, je vous conseille cette lecture instructive sur le site economie.gouv.fr
Mon projet en tête, je pouvais me lancer. Il me fallait trouver un professionnel Reconnu Garant de l’Environnement (RGE). Il faut passer par ces artisans agréés si l’on veut pouvoir profiter des aides de l’état. C’est sur le site de l’Ademe que j’ai trouvé le lien vers le site des professionnels RGE
On peut imaginer que l’on aura l’embarras du choix en termes de professionnels installateurs. On peut avoir peur d’en avoir beaucoup autour d’une ville comme Rennes. À l’heure où j’écris cet article, je n’en trouve que 10… Un rapide tour sur le site internet de chaque RGE permet de réduire la liste. On trie rapidement ceux qui s’adressent aux particuliers et ceux qui ne font que du pro.
Les premiers contacts…
Vient ensuite les appels et les demandes de devis.
À noter aussi que j’ai fait des demandes via EDF ENR (énergies renouvelables), Engie et Total… leurs sites sont plutôt bien faits et permettent via des photos satellites de calculer la surface possible de panneaux solaires. Ils donnent également des éléments permettant d’avoir une idée du rendement de l’installation. En revanche, comme sur le toit de la maison, les ardoises sont avec une base amiante… c’est une condition éliminatoire pour tous les grands. Pour avoir discuté avec des artisans, ils m’indiquent que cela ne pose aucun problème, autre des quelques protections adaptées et des dépôts de l’amiante dans les circuits de déchetterie adaptés.
Le devis le plus intéressant qui m’a été fait provenait d’un installateur sérieux qui avait déjà équipé des maisons dans la commune. Il était accompagné avec tout un dossier d’étude : estimation d’ensoleillement, nombre d’années avant retour sur investissement,…
Sur ce devis, il y avait tout de même un point qui m’interpellait. Il y avait un souci : le commercial ne voulait pas mettre plus de 3 kWc (kilowatt crête : le pic théorique de production) pour pouvoir bénéficier d’une TVA réduite de 10%. En effet, au-delà de 3 kWc, on passe à une TVA de 20%. Si mes souvenirs sont bons, au-dessus de ces 3 kWc, la vente de surplus est aussi soumise à l’impôt sur le revenu et les aides diminuent. Sur le principe, je ne comprends pas cette loi, car il me paraît plus pertinent de favoriser le plus d’installations pour et par les particuliers. On ne va pas épiloguer là-dessus. Revenons à notre sujet.
Suite à ce premier contact, j’ai demandé que le commercial me fasse 2 devis :
- Un devis pour une optimisation des aides pour une installation à 3kWc. Soit son devis initial de 8 panneaux.
- Un devis un où l’on maximise la production et donc le nombre de panneaux avec toute la surface disponible du toit soit 12 panneaux en ce qui concerne ma maison
Ce fut bien compliqué. Malgré 3 relances, je n’ai jamais eu le deuxième devis, car pour le commercial “ce n’est pas intéressant” et “personne ne prend cela” …
Trouver le bon partenaire
Je ne pouvais pas en rester là. J’ai changé de technique et ai tenté ma chance en essayant de trouver un nouveau prestataire en passant directement par les marques de panneaux photovoltaïques. Rapidement elles proposent la mise en contact avec des professionnels de la région. En suivant cette piste, je suis malheureusement retombé… sur le même commercial que précédemment. En effet, sa société en était le représentant local sur Rennes. Cela illustre à nouveau le fait qu’il n’y a pas de pléthore d’installateurs et que l’on se retrouve vite avec les mêmes professionnels.
Cette tentative de prise de contact avec les fabricants, conforte la démarche qu’il semble inutile de procéder autrement que par des prises de contact avec les installateurs du listing des entreprises RGE de sa région.
Je suis alors passé à la manière forte. J’ai appelé de nouveau l’agence de l’entreprise d’installation et je suis tombé cette fois-ci sur son dirigeant. Je lui ai expliqué que le commercial ne voulait pas me répondre… Vous me croirez si vous le voulez, mais étonnamment, ledit commercial m’a ensuite rappelé très rapidement et m’a envoyé le 2ᵉ devis.
Comparaison des offres
Avec mes 2 devis en poche, je pouvais enfin démarrer les comparaisons techniques et financières des 2 scénari.
Je suis parti sur des panneaux Dualsun 375 Wc. Il s’agit d’une société française avec des tarifs raisonnables. Ils ne fabriquent pas encore tous leurs panneaux en France, mais ils offrent la plus longue garantie constructeurs (5 ans de plus que les autres). J’ai hésité avec des SunPower (panneaux les plus puissants), filiale de Total. Ils sont proposés au même tarif, mais offrent une garantie plus courte.
Pour vous donner quelques chiffres concernant mes 2 devis :
- Pour les 8 panneaux et donc une TVA à 10%, c’est environ 8000€ TTC (pose, dépôt et suivi du dossier inclus, hors aides de l’état)
- Pour les 12 panneaux et donc une TVA à 20%, c’est 12400€ TTC (pose, dépôt et suivi du dossier inclus, hors aides de l’état)
Pour mesurer le surcoût lié à la TVA de l’installation totale et pouvoir ainsi apprécier dans le temps les gains liés à une production plus élevée, il faut comparer ce qui est comparable. Il faut passer le premier devis de 8 à 12 panneaux en conservant la TVA à 10%. Je n’ai pas demandé ce travail au commercial. Je n’ai pas eu envie de perdre encore 6 mois… J’ai fait un calcul rapide. Le devis étant très détaillé, ce n’était pas compliqué. L’installation comprend des postes de coûts identiques sur les 2 devis (pose, onduleur, installation électrique, déchetterie…) et des postes au coût proportionnel (nombre de panneaux). Globalement, le surcout lié à la TVA à 20% au lieu de 10% est d’environ +1000 €.
Cette différence n’est pas négligeable, mais comme je prends les paris que le prix de l’électricité ne va faire que monter, je serai gagnant dans le temps. Cela est d’autant plus vrai que notre consommation va très certainement évoluer à la hausse également, ne serait-ce simplement qu’avec l’achat probable dans un futur pas très lointain d’un véhicule électrique. L’acquisition d’électroménager moins énergivore d’un autre côté ne pourra pas compenser la hausse de consommation.
Ainsi, je suis donc parti sur l’option 2, celle qui proposer une meilleure production avec ses 12 panneaux, celle qui me contraint à abandonner la TVA réduite à 10% mais c’est celle qui m’offre 4,5 kWc.
Pour remettre dans le contexte, tout cela a eu lieu dans le temps juste avant la déclaration de guerre de la Russie sur l’Ukraine et la forte poussée d’inflation de la facture énergétique que l’on connait depuis. Dans le dossier d’estimation du retour sur investissement (ROI), qui m’a été remis lors du premier devis, il est estimé à 9 ans avec un prix du kWh fixe de 0,18€… ce qui est aujourd’hui déjà dépassé. Le ROI devrait plus vraisemblablement donc être plutôt de 8 ans, voire moins.
Place au chantier
La demande d’autorisation de travaux auprès de la mairie a été sans soucis. Elle a été gérée par le prestataire. L’installation des 12 panneaux s’est faite sans problème particulier et de manière très pro. L’installation en tant que telle n’a duré qu’un jour et demi. Elle a eu lieu 4 mois après la signature du devis. Il fallait bien prendre en compte la durée de déclaration à la mairie.
Ils m’ont aussi installé un module Enphase qui me permet de suivre sur internet ma production (via l’application pour smartphone Enlighten). Le système installé dispose également d’une API si l’on souhaite collecter les données pour soi, ou si l’on désire intégrer le suivi énergétique dans sa domotique.
Depuis cela fait 6 mois maintenant que nous en profitons.
Quels enseignements en tirer ?
Je vous ai présenté ma démarche et mon cas précis. À cette expérience personnelle, je rajouterai volontiers ces quelques points que j’ai appris depuis :
- Pensez à vous rapprocher de votre assureur. Une installation photovoltaïque peut engendrer une hausse de la prime d’assurance (plus de risque). En dessous de 9 kWc, il n’y cependant normalement pas de surcharge de la facture d’assurance maison (il faut tout de même les prévenir).
- Il est plus rentable de consommer l’électricité que l’on produit et de stocker celle que l’on consommera plus tard. plutôt que de vendre l’électricité non consommée et de racheter de l’électricité lorsque la production n’est pas suffisante.
- Il faut revoir ses habitudes de vie pour profiter au maximum des bénéfices de l’autoconsommation avec revente de surplus. Il faut maintenant consommer un maximum lors des plus belles heures du soleil (midi – 15h). Fini la machine à laver ou surtout le chauffe-eau électrique qui fonctionne en heures creuses (en tout cas quand il y a du soleil). J’ai fait installer une horloge sur mon compteur électrique qui gère le chauffe-eau et lui permet de produire de l’eau chaude aux horaires où le soleil me permet de produire plus d’électricité. C’est un début d’optimisation. Ce n’est pas optimal, car, en hiver par exemple, le soleil est plus bas et les panneaux produisent moins d’électricité. Cette dernière est tout de suite consommée par les radiateurs et donc il est plus intéressant de laisser le chauffe-eau fonctionner uniquement la nuit en heures creuses. Une gestion de l’énergie assistée par un système de type Smart Home serait très pertinent. Il va falloir que je regarde cela par la suite de plus près.
- Sur les 3 derniers mois : août – septembre- octobre, (j’ai préféré choisir une période où la météo est plus variée), mes panneaux solaires couvrent 46% de mes besoins en électricité. Nous sommes 6 personnes dans la maison. Bien sûr, il n’y a encore quasiment pas de chauffage cette année et donc ce taux va vite chuter avec les journées plus courtes et le chauffage (tout électrique).
- Toujours sur la même période, les panneaux ont produit 1,5MWh et nous avons consommé 1,4MWh dont 0.81 MWh ont été vendus sur le réseau à 0,1€ du kWh (tarif fixé par l’état si on choisit cette offre).
- Je ne peux pas encore revendre mes MWh en surplus à mes voisins pour favoriser le circuit court entre la production et la consommation.
Enfin, si je regarde la production des panneaux et notre consommation, j’aurai pu être autonome sur les trois derniers mois. Si j’avais pu stocker l’énergie produite, les gains financiers auraient été plus importants. Cela pose maintenant la question des batteries… ou autre moyen de stockage.
Affaire à suivre !