Pour suivre la consommation d’électricité, une pince ampérométrique est souvent la manière la plus simple d’obtenir la mesure de l’énergie consommée. En confrontant le relevé effectué en kWh et en appliquant le(s) tarif(s) de votre fournisseur d’énergie, vous obtiendrez ainsi le montant en € que vous devrez débourser pour votre consommation électrique (il faudra rajouter d’autres éléments pour arriver à la facture finale).
En ce qui concerne le Gaz naturel, c’est un peu différent. Votre consommation de gaz est mesurée par le compteur en m3 (mètre cube) mais on vous facture en consommation en kWh. Contrairement à l’électricité, les compteurs de gaz installés chez les clients ne mesurent pas directement l’énergie mais seulement le volume de gaz (le nombre de m3) qui a été livré. Cela nécessite quelques précisions.
Il y a mesure et facture
L’unité de mesure du compteur de gaz de votre installation domestique est donc le mètre cube (m3). Allez vérifier sur votre compteur, vous ne trouverez pas de relevés en kWh. Votre consommation est ensuite facturée en kilowattheures (kWh). Pour y parvenir votre fournisseur de gaz effectue une conversion pour passer de mètres cubes en kilowattheures. En moyenne on peut considérer qu’un mètre cube de gaz vaut à peu près 10 kilowattheures.
Cette conversion est une simple multiplication du volume consommé par une donnée numérique que l’on appelle le coefficient de conversion. Il sert à transformer en énergie le volume mesuré par le compteur. Le coefficient de conversion représente donc la quantité d’énergie (exprimée en kWh) contenue dans un m3 de gaz. La formule toute simple est donc :
Nombre de m3 livrés x coefficient de conversion = nombre de kWh consommés.
Ce coefficient varie en fonction de 2 paramètres : le lieu et le temps. Dans la pratique, pour la clientèle résidentielle, la valeur du coefficient de conversion va dépendre de 2 paramètres : l’altitude et la composition du gaz. De plus, le gaz naturel distribué en France provient de différents gisements qui n’ont pas tout à fait le même pouvoir calorifique. Cela signifie qu’à volume égal, les différents gaz dispensent plus ou moins d’énergie.
Le m3 ne peut donc pas valablement servir d’unité de facturation. Le volume de gaz naturel (m3 observés au compteur) est donc converti en quantité d’énergie (kWh) par application d’un coefficient.
Variation du coefficient de conversion en fonction de l’altitude
Ce paramètre est figé pour votre logement. Sauf bouleversement terrestre important votre maison se situera toujours à la même altitude. Il faut savoir que l’altitude réduit la pression atmosphérique et la densité du gaz. Au fur et à mesure que l’on s’élève, le gaz devient moins dense : en altitude, le même volume de gaz contient donc de moins en moins de matière, c’est à dire de moins en moins d’énergie.
Considérons maintenant que l’on prenne le même gaz. Si on l’emmène dans les montagnes il aura, à 1 000 mètres d’altitude, un coefficient de conversion plus faible d’environ 10 % par rapport au niveau de la mer. Le même gaz naturel aura un coefficient plus faible à Megève (moyenne 9,85) qu’à Brest (moyenne 11,68).
Variation du coefficient de conversion en fonction de la composition
Pour faciliter les choses, la composition du gaz naturel varie de façon importante en fonction du type de gaz naturel distribué : le gaz H ou le gaz B.
Le gaz H est le plus répandu en France. Il s’appelle H car il a a un Haut pouvoir calorifique (coefficient autour de 11). Il provient de mer du Nord, d’Algérie et de Russie.
Le gaz B se caractérise par un pouvoir calorifique Bas. Ce plus faible pouvoir calorifique impose un coefficient de conversion entre 9 et 10. Il provient essentiellement des Pays Bas et il est distribué dans le nord de la France. Il se distingue par sa teneur élevée en azote qui le rend plus « pauvre ». Si l’on prend une ville comme Dunkerque qui, de part sa position en bord de mer, n’a pas une haute haltitude et où l’on distribue du gaz B, a un coefficient moyen de conversion de seulement 9,68.
Pour encore simplifier la donne, pour un même type de gaz, la composition n’est pas uniforme puisque le gaz naturel est issu de différents sites de production et qu’en fonction de son origine, il peut être plus ou moins « riche ».
Variation coefficient de conversion dans le temps
L’origine du gaz distribué, et donc sa composition, varient en permanence. Cela explique les variations du coefficient de conversion dans le temps. Cette composition du gaz est mesurée régulièrement en certains points du réseau haute pression, ce qui permet de déduire, chaque jour, un contenu énergétique moyen pour chacune des zones où ce gaz est distribué.
Lorsque le gestionnaire de réseau de distribution relève un compteur, il mesure le volume de gaz qui a été consommé. Pour déterminer l’énergie correspondante (celle qui sera facturée), il applique à ce volume un coefficient de conversion calculé comme la moyenne des coefficients déterminés chaque jour depuis la date du relevé précédent jusqu’à la date de ce relevé.
On comprend mieux pourquoi le coefficient de conversion change à chaque relevé ou ne soit pas le même pour deux clients voisins qui n’ont pas été relevés exactement aux mêmes dates.
Variation réelles du coefficient de conversion
Le coefficient de conversion n’est pas libre de varier. Il est soumis à une réglementation qui en fixe les limites des variations que peut prendre la composition du gaz naturel distribué selon son type.
En fonction de l’altitude de la commune où se situe le site et du type de gaz naturel qui y est distribué, les fourchettes dans laquelle doit se situer le coefficient de conversion d’un particulier sont les suivantes:
- Clients alimentés à la pression de 25 mbar – Gaz B
- Moins de 200 mètres d’altitude entre 9,2 et 10,1 kWh/m3
- Entre 200 et 400 mètres entre 9,0 et 9,9 kWh/m3
- Clients alimentés à la pression de 20 mbar – Gaz H
- Moins de 200 mètres d’altitude entre 10,3 et 12,4 kWh/m3
- Entre 200 et 400 mètres entre 10,1 et 12,1 kWh/m3
- Entre 400 et 600 mètres entre 9,9 et 11,8 kWh/m3
- Entre 600 et 800 mètres entre 9,6 et 11,5 kWh/m3
- Entre 800 et 1000 mètres entre 9,4 et 11,3 kWh/m3
- Au-delà de 1000 mètres entre 9,2 et 11,0 kWh/m3
Voilà pour la théorie. Dans la pratique, les coefficients de conversion restent relativement constants et se cantonnent à l’intérieur d’une fourchette plus étroite. Sauf soucis particuliers, on estime qu’il varie au cours d’une année dans une fourchette de plus ou moins 3% autour de sa valeur moyenne.
Impact du coefficient de conversion
On peut légitimement se poser la question suivante : vaut-il mieux avoir un coefficient de conversion élevé ou bien faible ?
En fait, financièrement, peu importe ! Le but du coefficient de conversion est justement d’être celui qui va neutraliser financièrement les différences de pouvoir calorique d’un même volume de gaz consommé. Le coefficient de conversion permet à tous (et toujours) de faire bouillir un litre d’eau pour le même coût ! Tant que le prix du gaz n’augmente pas mais là c’est un autre débat ;).
Toutefois, l’existence de zones tarifaires pour la consommation du gaz recrée des différences pour certains foyers. Ce qui intervient alors ce n’est plus la densité ou la composition du gaz mais la facilité à desservir les branches du réseau.
Comment estimer son coefficient de conversion?
Afin de suivre sa consommation avant de recevoir sa facture on peut être amenés à vouloir estimer un coefficient de conversion. Voici la méthode que GrDF conseille d’utiliser:
Dès lors qu’un coefficient de conversion a déjà été déterminé pour un site donné et qu’il est disponible, il est conseillé de retenir le coefficient connu le plus récent pour toute estimation concernant ce site.
Par défaut, en l’absence de coefficient précédemment mis à disposition pour un site, on peut utiliser les valeurs suivantes pour des clients résidentiels :
- Clients alimentés à la pression de 20 mbar (*) – Gaz H : 11,2 kWh/m3
- Clients alimentés à la pression de 25 mbar (*) – Gaz B : 10,0 kWh/m3
Si vous êtes clients de GrDF, vous trouverez le coefficient de conversion sur leur site sous forme de fourchette et de moyenne pour la plupart des communes. Il existe d’autres distributeurs mais GrDF couvre environ 77 % de la population française.
Vous pouvez bien entendu retrouver ce coefficient de conversion sur votre facture que vous attendrez maintenant avec impatience grâce à toutes ces explications.
sacré boulot et sacré article !! je n’avais jamais lu une telle analyse avec une telle pédagogie. Bravo!
Merci pour cette appréciation bien élogieuse! 🙂
Beau boulot de synthèse sur un sujet gazier sans fin, travaillant à GrDF je rajouterai qu’il y a en fait 2 autres paramètres mais qui, pour des clients résidentiels, sont considérés comme constants: 1 la pression du gaz , car en effet on ramène le m3 à 25mbar (pression relative) à 0 mbar (pour le ramener à la pression athmospérique du lieu). puis ensuite la correction en altitude que tu expliques le ramène au niveau de la mer . ces 25mbar sont constants car le compteur n’est pas loin du détendeur qui assure cette préssion relative. Et enfin la température. qui est considérée aussi comme constante à 15° toute l’année. le gaz circulant en réseau enterré il est moins soumis aux variations externes. dans d’autres pays les compteurs domestiques sont équipé de correction en température mécanique (système de bilames)
tout ca vient de notre bonne équation P(en Pa)V(m3)/T(°K)=cte qui permet de ramener 1 m3 mesuré à n’importe quelle condition de températeure et pression aux conditions dites normales (n)m3 au niveau de la mer et à 0°. Pour les clients industriels, ils sont équipé de correcteurs en pression et températures (sondes) qui corrigent en temps réel. Pour eux les volumes sont importants et cela est économiquement rentables d’affiner la précision. Ensuite la mesure, par des chromatographes, sur le réseau transport du PCS (pouvoir calorifique supérieur) mesuré en kwh/(n)m3 permet de passer des (n)m3 au kwh. Parfois ca varie un peu plus que 3% . Ayant travaillé à Limoges , j’ai vu des PCS varier de 11,3 à du 12,1 en qq heures (gaz venant de Lacq puis manoeuvre du transport et hop du Russe) ce qui perturbait la cuisson des porcelaines, le gaz nat étant utilisé comme combustible mais aussi en régulateur d’athmosphère oxydante / réductrice. Ca parait compliqué… c’est un métier
C’est vrai que vu de l’extérieur ça ne parait pas simple mais c’est logique après tout que la distribution de Gaz vers les professionnels soit plus “évoluée” que vers les clients résidentiels. Merci pour ces précisions et ce vécu de l'”intérieur”.
Wow, ces informations sont très intéressantes! Avez-vous des informations sur le gaz naturel propane à Québec? Merci pour cette analyse profonde, je pense que je comprends finalement le gaz naturel.
Merci, pour toutes ces informations :
finalement on peuut dire que le calcul du “prix du gaz”, est une veritable usine a gaz !(lol)
Ma question est : puisque la temperature ambiante peut varier dans des proportionns importantes n et que contrairemnt a AUTRFOIS, ou les compteurs etaietn installés dans la partie chauffee a l’interieur des immeubles:
as t’oninteret ou non a ISOLER THERMIQUEMENT son COmPTEUR de GAZ NATUREL ?
merci
michel
Pour répondre à Michel, si on veut économiser, on aurait pluttôt intérêt à refroidir, ou du moins ventiler son compteur pour qu’à volume constant on aie plus de molécules de méthane.
Ceci fait sens car les compteurs GrDF ne mesurent pas la température , comme le disait JMD.
Bon article.
Petite correction cependant sur la phrase “Le coefficient de conversion permet à tous (et toujours) de faire bouillir un litre d’eau pour le même coût” . Eh bien non. En altitude, on peut bouillir son eau à moindre frais parce que la pression étant plus basse, l’eau se met à bouillir à température plus basse !
Un grand merci. Je comprends mieux ma facture.
Je voudrais connaître, chaque mois, le pouvoir calorifique (coefficient de conversion) du gaz distribué à Troyes. En effet le prestataire de notre copropriété facture un PCS plus elevé (probablement de son fournisseur alternatif) que le PCS du gaz distribué par le réseau GRDF. Est-ce possible ?
En tant que diagnostiqueur DPE certifié je peux vous apporter une réponse : ce n’est pas le fournisseur de gaz qui fixe son PCS, mais le distributeur GRDF qui est propriétaire du réseau et du compteur. Donc il faudrait poser votre question à GRDF pour comprendre cette différence. À votre place je me renseignerais auprès des voisins pour savoir s’ils ont constate les mêmes écarts.
bonjour, j’aimerai savoir si c’est normal qu’une facture de gaz qui comporte plusieurs lignes puisque les tarifs changent en permanence reprend le même compteur de fin qu’au début du suivant : ex : début 150 fin 160 tarif 20 cts
début 160 fin 165 tarif 25 cts
alors que pour moi le début de la ligne suivante devrait être 161 .
Donc lorsqu’il y a 4 ou 5 lignes de différents tarifs j’estime que je paye 4 ou 5 m3 de plus .
Suis je la seule à trouver cela anormal.
Merci
Bonjour,
Je voulais savoir du coup, sur une facture gaz type GDF on a la consommation en m3 , un coefficient de conversion et une consommation en kWh/qté :
-la consommation en m3 est en PCS ou PCI?
-et la consommation en kWh/qté est ramenée en PCS ou PCI ?
merci d’avance !
Bonjour, étant certifié DPE, je me permets d’apporter une réponse . Les kWh du gaz sont exprimés toujours en Pouvoir de Combustion Supérieur. Cela signifie qu’on considère l’énergie contenue dans la vapeur d’eau qui se forme lors de la combustion. CH4+2O2=CO2+2H2O+Energie. Cette énergie représente environ 10% du Pouvoir de Combustion Inférieur: PCS =1.1 PCI. Cette chaleur latente de condensation ne pourra être valorisée que si vous avez une chaudière à condensation. C’est pourquoi les fabricants de chaudière à condensation annoncent des rendements >100% car ils le donnent en fonction du PCI.
Bravo pour toutes ces explications très claires je comprends enfin (j’ai 70ans) pourquoi on parle parfois de m3 et parfois de kwh Merci
Merci Chantal pour ce retour. Il est important d’apprendre des choses tous les jours : objectif atteint!