C’est un grand moment quand un géant de la tech annonce ouvrir son écosystème à la concurrence. La news n’est pas banale d’autant que cela se passe du côté de la Smart Home un domaine dans lequel les géants du secteur n’ont pas vraiment l’habitude de vouloir s’ouvrir aux autres. C’est à l’occasion de son rendez-vous annuel destiné aux développeurs et aux partenaires, la Google I/O 2021 que l’annonce a été faite. Le géant californien œuvre depuis plusieurs mois avec ses pairs pour créer Matter (initialement connu sous le nom de projet CHIP), une norme domotique permettant d’assoir l’interopérabilité, la sécurité et la simplicité dans la Smart Home. Google commence à mettre en application ses engagements… à sa manière…
La primeur de la communication
Google a donc fait un premier pas dans l’unification des protocoles de la maison connectée. C’est un début de l’implémentation de Matter, la nouvelle norme de connectivité interopérable entre les objets et les fabricants. Il était inimaginable il y a encore quelques mois que ses produits Nest puissent être entièrement pilotés à la voix par Siri ou Alexa. Si Matter aboutit, ce sera possible fin 2021 / début 2022.
Être le premier à communiquer semble être important pour Google. L’entreprise adonc profité de l’edition Google I/O pour communiquer au plus tôt sur le fait que grâce à Matter, ce protocole de connectivité IP unifié et libre de droits, les objets de la maison connectée pourront être intégrés dans une Smart Home multimarques. Si la communication est bien faite, les clients pourront alors tout simplement identifier le logo apposé sur les produits pour savoir qu’ils seront compatibles avec les produits Google.
Il est en effet tactique pour Google de communiquer sur le fait qu’un grand nombre de produits seront compatibles avec son écosystème et son assistant vocal. En filigrane, c’est l’occasion de dire que Google sera compatible avec les technologies d’Apple comme HomeKit et Siri ou son confrère Amazon Alexa. Les autres pourront également indiquer que la réciproque est également vraie. C’est l’avantage principal qu’ils ont tous à se ranger sous la bannière Matter. La petite avance dans la communication est toujours bonne à prendre. Cela peut être un avantage d’être le premier à le clamer haut et fort.
Matter à tous les étages
La compatibilité avec Matter à différents niveaux. La compatibilité annoncée ne se cantonne pas uniquement aux produits que Google commercialiser pour la Smart Home sous sa marque Nest en proposant thermostats, caméras, sonnette, détecteur de fumée, … L’interopérabilité ne se limite pas avec les assistants vocaux Google Hub. Google souhaite communiquer que Matter sera également intégré au cœur d’Android. Bon nombre de tablettes et de smartphones attendent cette labellisation pour permettre aux propriétaires de ces objets de pouvoir interagir, paramétrer ou contrôler leur maison communicante. On retrouve Matter jusqu’à dans l’application Google Home qui permet de gérer la maison connectée à la sauce Google.
En faisant savoir qu’Android rentre dans la danse de Matter, Google souhaite indiquer qu’il mettra un panel immense de périphériques et d’objets connectés pour la Smart Home au bout des doigts des consommateurs. Les interactions entre Android et avec les appareils certifiés Matter sont un moyen d’indiquer que cet OS pour tablettes et téléphones (et bientôt des TV?) est utilisable pour contrôler les produits de la concurrence ou des confrères (choisissez le mot que vous voulez). Google compte ainsi faire savoir que des appareils HomeKit seront accessibles via des terminaux autres que des iPhones et des iPads…
À l’occasion du Google I/O, Google a expliqué que ses produits pour la maison connectée, Nest, sont déjà prêt pour la norme Matter. Si les caractéristiques techniques le permettent les autres recevront des misses à jour pour rejoindre l’interopérabilité tant promise. Google annonce par exemple le Nest Hub Max peut devenir un point de connexion Thread, l’une des normes retenues pour faire parler entre eux les périphériques de la Smart Home. En outre, tous les écrans et enceintes Nest seront automatiquement mis à jour pour pouvoir contrôler les appareils Matter par Wi-Fi ou Ethernet.
Les appareils Nest de générations précédentes pourront bénéficier de mises à jour pour que les écrans et micros puissent être utilisés pour piloter la maison. Le produit iconique de Nest, le thermostat, n’est pas en reste. Google a prévu qu’il puisse recevoir une mise à jour logicielle afin de pouvoir rejoindre Matter. Il sera alors possible de le piloter via Siri ou Alexa!
Si les premières certifications Matter d’appareils pour la Smart Home ne devraient pas arriver avant la fin 2021, certains produits Thread devraient être plus rapidement compatibles avec l’écosystème de Google. Google annonce par exemple que des ampoules et les appareils d’éclairage d’ambiance de Nanoleaf seront proposés fin juin sur le Google Store. Pour les affaires on ne perd pas de temps.
Du côté des caméras de vidéo surveillance ou des sonnettes vidéo, en attendant les certifications Matter, Google prévoit d’ajouter la prise en charge de WebRTC. Il s’agit d’un protocole de communication open source offrant de belles performances notamment du fait de faibles latences. Cela permet de consulter le flux vidéo des caméras d’Arlo, Logitech ou encore Netatmo, de manière bien plus fluide sur votre smartphone Android ou votre Nest Hub.
Google Home pour gérer Matter
En communicant rapidement, Google souhaite faire passer le message de son implication dans le projet Matter et qu’ils misent sur son adoption pour une Smart Home interopérable. Google n’oublie pas de faire savoir qu’ils sont aussi éditeurs de solutions logicielles. Pour prendre soin de votre maison connectée vous pourrez toujours utiliser l’application Google Home.
L’application sera améliorée pour prendre en charge tous les appareils Matter. Une simplification des routines est prévue pour améliorer l’expérience utilisateur. Le logiciel sera également adapté pour que Google Home soit plus polyvalent. Il va falloir en effet que l’application soit capable de gérer bon nombre de nouvelles fonctionnalités issues des nouveaux arrivants dans l’écosystème Matter! Google souhaite que la Smart Home soit proactive et puisse proposer des automatisations en fonction du contexte qui relie la maison avec ses résidents. Si la maison est consciente du contexte elle gagnera en “intelligence”.
On le voit clairement, l’intérêt de Google pour Matter est multiple :
Android sera l’un des principaux systèmes d’exploitation avec une prise en charge intégrée de Matter, ce qui vous permettra de configurer rapidement des appareils avec Google et de relier vos applications Android préférées. Il vous suffira de quelques tapotements pour configurer vos appareils Matter, et vous disposerez de nombreux moyens de les contrôler instantanément, comme les applications Android compatibles avec Matter, Google Assistant, l’application Google Home, les commandes électriques Android et les appareils Google compatibles. Il permet également à plus d’un milliard d’appareils Android de permettre une configuration simple et de contrôler tous les produits certifiés Matter.
Dans les pas de “Works With Nest”
Afin de guider le client final dans ses choix de produits pour la Smart Home, Google prévoir de vous présenter l’ensemble des produits compatibles. Un « annuaire de la maison intelligente Google » est disponible sous les traits d’un Google Smart Home Directory, un site centralisant tous les appareils fonctionnant avec Google Assistant. Cela ressemble à ce que Google proposait à l’époque lorsque feu le programme “Works With Nest” était en vigueur. Les objets y sont présentés par catégories et par marques. En plus des caractéristiques, vous sont présentés les détails, les avis et bien entendu le meilleur prix. Et oui, Google est aussi une boutique en ligne !
En étant parmi les premiers à communiquer à ce sujet, on voit que Google souhaite clairement peser dans le marché de la Smart Home fédérée sous la norme Matter. Son approche semble indiquer que la Connectivity Standards Alliance fédère les forces industrielles dans la définition d’une norme technique d’interopérabilité entre objets connectés et périphériques pour la Smart Home. L’offre en terme d’expérience utilisateur semble en revanche être mise de côté des travaux de la CSA. Matter semble prendre en charge la manière dont les technologies discutent entre elles. Ce n’est déjà pas une mince affaire. La façon dont l’utilisateur interagit avec le système en place semble rester la chasse gardée des industriels.