Dans les épisodes de Star Wars, le droïde de protocole C-3PO se présentait souvent de la manière suivante : « Bonjour, je suis C-3PO, droïde spécialisé dans les relations humain-cyborg » en agissant ses bras de manière un peu gauche. Dans la vraie vie, on peut maintenant compter sur Ameca. Bien que le robot n’ait pas encore trop eu l’occasion de faire la démonstration de son habilité à parler avec sa voix, il sait déjà parler de manière étonnement réaliste avec son corps. Engineered Arts a développé pour lui une plateforme robotique qui permet de reproduire avec une certaine perfection déconcertante les gestes et mimique des humains.
Le dernier-né d’une lignée robotique
C-3PO était un robot très bavard. En revanche du côté de la communication non verbale, le robot reste dans les standards classiques de ce que l’on voit habituellement chez ces communicants artificiels, c’est-à-dire très pauvres. Ameca a été conçu pour être un communicant idéal adoptant le langage des humains, mais surtout leurs codes de communication non verbale. Il est prévu qu’il puisse en effet s’exprimer oralement, tout en conservant les mimiques de visage expressifs et les mouvements de son corps. Comme les humains, il pourra dire oralement “je ne sais pas” ou bien laisser son corps s’exprimer en levant les épaules en penchant la tête légèrement de côté avec les traits de visage caractéristiques d’un individu qui avoue ses lacunes.
Pour démarrer la campagne de communication autour de son nouveau robot Ameca, l’entreprise anglaise Enginerred Arts a livré une vidéo de lui qui fait son buzz en ce moment :
Ameca est à ce jour le robot humanoïde le plus avancé d’Engineered Arts. Il a été conçu à partir d’une plateforme élaborée à base d’IA destinée à parfaire l’interaction homme-robot. La vidéo ci-dessous nous donne un aperçu de ses capacités actuelles dans le domaine :
Un langage non verbal qui ne laisse pas insensible
Il y a en robotique un concept que l’on appelle la vallée de l’étrange ou vallée dérangeante. Le terme provient de l’anglais uncanny valley. Il s’agit d’une théorie du roboticien japonais Masahiro Mori, datant de 1970. Elle part du principe que plus un robot androïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses. Ainsi, beaucoup de personnes seront plus à l’aise face à un robot clairement artificiel que devant un robot doté d’une peau, de vêtements et d’un visage visant à le faire passer pour un humain.
Selon cette théorie, ce n’est qu’au-delà d’un certain degré de réalisme dans l’imitation, que les robots humanoïdes seront mieux acceptés. C’est pour imager cela qu’est utilisé le terme de « vallée » : il s’agit d’une zone à franchir dans laquelle chaque progrès fait vers l’imitation humaine amène au départ plus de rejet, mais passé un certain seuil de réalisme, c’est une acceptation plus grande qui prend le relais.
Le réalisme qui émane d’Ameca est impressionnant. On est arrivé là à une très intéressante reproduction des émotions du corps avec une fluidité des gestes très convaincante. Ses concepteurs ont réussi à reproduire les expressions faciales et les petits mouvements des bras et des épaules qui le rendent fascinant ou dérangeant (au choix). On note une réelle maîtrise des subtilités des mouvements des yeux et des expressions douces. Sommes-nous en pleine vallée dérangeante ou l’avons-nous franchie avec ce robot humanoïde ? À vous d’apprécier.
AI x AB : Artificial Intelligence + Artificial Body
Pour parvenir à ce résultat, Engineered Arts explique qu’ils ont développé une plateforme modulaire matérielle et logicielle permettant d’assembler les éléments nécessaires pour donner au robot Ameca ce réalisme troublant. Cette modularité matérielle et logicielle permet de proposer très facilement des mises à jour et des améliorations. De même, tous les modules peuvent fonctionner de manière indépendante. Cela permet de n’avoir par exemple qu’une tête si on n’a besoin que de cela, ou même qu’un bras. Il n’y a pas besoin d’acheter (ou de louer) un robot complet.
Le sentiment de voir des mouvements si biologiques et réalistes est troublant. Du côté du squelette, ils ont assemblé des articulations aux multiples degrés de liberté, créé des bras, des épaules, mais également des clavicules artificielles tout en reproduisant les omoplates mécaniques permettant au robot de bouger ses bras comme un humain.
Ameca est construit en mode AI x AB (Artificial Intelligence + Artificial Body). En effet d’après les paroles du fabricant : Une intelligence artificielle de type humain a besoin d’un corps artificiel de type humain.
Des offres de services pour la communication
Pour parfaire le tour du propriétaire, le fabricant propose des services de partenaires afin d’embarquer les niveaux d’interactions requis par ses clients.
Google est le partenaire préféré de Engineered Arts en ce qui concerne la reconnaissance vocale. Le fabricant indique qu’il n’est pas possible à ce stade d’interpréter des choses comme le sarcasme ou les intonations de voix. Les Google Cloud Speach-to-Text API permettent déjà d’établir des interactions crédibles entre Ameca et les humains.
Du côté de la voix du robot 3 solutions peuvent être utilisées :
- Des voix humaines enregistrées qui sont généralement les plus impressionnantes.
- Les voix synthétiques qui offrent plus de flexibilité.
- Voix humaines et voix synthétisées par ordinateur, mélangées selon les besoins.
Du côté de la vision, Ameca est équipé de caméras qui lui permettent de capter des images qui sont transmises aux algorithmes de reconnaissances de visages du suédois Visage Technologies AB. Cela permet à aux robots de localiser des visages dans une image et de deviner l’âge, le sexe et les expressions faciales, mais ils ne reconnaîtront pas les individus. D’autres systèmes de reconnaissance faciale peuvent être implémentés à la demande.
Si les offres logicielles d’interactions avec les humains ne sont pas suffisantes, Ameca peut être utilisé comme un Avatar, un robot de téléprésence. La solution TinMan est implémentée pour permettre aux robots d’être “simplement” commandés à distance par des humains.
Se faire accepter par les humains
Les avancées de communication non verbales du robot sont extraordinaires. On n’attend plus maintenant que le robot puisse marcher et nous fasse sa démonstration d’élocution pour que l’on puisse raccrocher cette vision de l’humanoïde du futur dans notre présent. Même s’ils ne pensent pas tout de suite lui greffer la mobilité présente sur les robots humanoïdes de Boston Robitics, la marche est quelque chose qui est bien prévu chez Engineered Arts.
Ameca se destine principalement à l’accueil des personnes et à la communication. En plus d’être une plateforme de développement, le robot est également une attraction à part entière, destiné à épater les clients ou les visiteurs lors d’un événement ou d’une attraction touristique. Le robot s’est déjà fait remarquer sur les réseaux sociaux ces dernières semaines avec la première vidéo présentée en début d’article. Elle sert de teaser en préparation de sa grande présentation au public en tout début d’année prochaine à l’occasion du CES 2022 à Las Vegas. Le baptême du feu pour ce robot communicant sera de faire parler de lui… et se faire accepter parmi les humains !