ABB, Bosch, Cisco et LG, quatre grandes marques présentes dans le secteur des technologies appliquées au foyer, signent un protocole d’accord visant à créer une nouvelle plate-forme pour les maisons intelligentes. Qu’est-on en mesure d’attendre d’un tel accord dans l’industrie de l’électronique grand public? Est-ce LE standard universel tant attendu qui rendra la communication possible entre tous nos appareils électroniques à la maison?
Ces 4 grandes sociétés multi-nationales qui proposent de solutions technologiques pour nos maisons ont donné naissance à un consortium dont le but est de fournir une plate-forme logicielle pour les maisons intelligentes. Les sociétés ont signé un protocole d’entente à cet effet. Ce plan est maintenant soumis à l’approbation des autorités de la concurrence.
On est en droit de se poser la question suivante: pourquoi ces quatre grands constructeurs éprouvent le besoin de créer leur propre plate-forme pour gérer la domotique de nos foyers? Il faut dire que dans le paysage actuel de la domotique un grand vide se fait sentir. Lorsque l’on souhaite s’équiper que ce soit pour une première installation comme pour un complément d’une domotique existante, se pose toujours le souci de la compatibilité. Un grand frein de l’adoption des multiples offres de domotique est l’interopérabilité. L’électroménager intelligent tant promis dans les différents salons de l’électronique se fait toujours attendre en boutique.
Dans le cadre de ce mémorandum, les différentes parties prenantes ont l’intention de développer une architecture ouverte pour l’échange de données. La plate-forme logicielle permettrait aux divers appareils et services d’interagir et d’échanger des informations entre eux. Cela permettra donc à terme aux appareils et dispositifs des différents fabricants de faire partie d’un même système domotique, de sécurité, de santé et de services de divertissement.
Une telle plate-forme commune n’a pas été disponible jusqu’à présent. Plusieurs constructeurs ont tentés séparément d’apporter une normalisation mais ils ont à ce jour échoués. Chaque plateforme est jusqu’à maintenant fermée sur les produits de l’offre d’un constructeur. Un tel accord est un défi pour les appareils et les dispositifs vendus aux particuliers tels que les interrupteurs d’éclairage, les volets roulants motorisés, les machines à laver, le matériel multimédia, les smartphones et les tablettes.
Le fait de pouvoir communiquer les uns avec les autres ou tout simplement le fait d’imaginer la possibilité d’échanger des informations sur Internet de manière standardisée est un doux rêve qui ne deviendra réalité que si les acteurs de la domotique et de l’électronique perçoivent la nécessité voulue par une consommation de masse qui ne demande qu’à être rassurée que son achat ne va pas la liée à une seule marque en l’enfermant dans un “choix” par défaut. La plate-forme commune est annoncée comme un pas de plus vers l’internet des objets pour la maison, dans lequel les objets physiques seront mis en réseau.
La plate-forme logicielle est destinée à proposer une norme qui sera disponible pour tous les fabricants, développeurs de logiciels et fournisseurs de services. Elle est destinée à unifier divers services dans des domaines tels que la gestion de l’énergie, la sécurité, le confort et l’électronique grand public. Cela permettra à de nouveaux modèles économiques de voir le jour: les développeurs de logiciels, par exemple, seront en mesure de développer diverses applications dans tous ces domaines. Au bout du compte, les utilisateurs finaux qui le souhaitent, pourront avoir un contrôle automatisé sur leurs appareils électroniques dans les bâtiments résidentiels. Ils n’auront plus à choisir entre différentes technologies. Ou alors si! Ils pourront choisir plus sereinement des technologies différentes qui communiqueront entre elles en ne se souciant plus des problèmes de compatibilité.
Une fois que ces standards ouverts auront été développées, l’objectif des participants est que ces appareils soient compatibles et aptes à communiquer les uns avec les autres sur les réseaux de radio telles que wifi, ZigBee, mais également sur d’autres connexions filaires comme les KNX. On ne parle malheureusement pas du Z-Wave, EnOcean ou autres protocoles matures et répandus. Une unité de commande centrale dans le bâtiment sera ensuite en charge de gérer tous les appareils individuels. Elle aura la charge de créer également un lien internet sécurisé. Tout serveur domotique pourra alors exercer cette fonction, indépendamment du fabricant, à condition qu’il fonctionne avec un logiciel qui réponde à la norme qui sera établie par ABB, Bosch, Cisco et LG.
Proposer une interopérabilité c’est également la promesse du protocole IO-Homecontrol en son temps sous la l’impulsion notamment de Somfy. C’est également ce que propose en France depuis juin 2013 Confluens. La création de Confluens par CDVI, Delta Dore, Hager, Legrand, Schneider Electric et Somfy vise à favoriser l’interopérabilité entre les équipements domotiques. L’objectif est également de lever ainsi un obstacle majeur au décollage du marché. Confluens comme l’accord entre ABB, Bosch, Cisco et LG permet-il l’émergence d’une réelle ouverture ou bien est-ce seulement la création d’un nouveau standard propriétaire?
Le fait que l’on ne soit vraiment en présence que d’une alliance entre acteurs (certes puissants) de l’industrie et non pas face à un comité de normalisation me chagrine. Le but véritable est-il toujours de vendre plus de leurs propres produits, ou bien cette fois-ci l’élan se traduira-t-il par une norme réellement “Ouverte” documenté de manière à ce que n’importe qui puisse l’intégrer dans ses propres produits? L’avenir nous le dira. Je serais ravi que mes craintes ne se réalisent pas…
Ces étapes sont très bien mais il ne faut aller plus loin. Messieurs les constructeurs continuez à vous mettre d’accord pour arriver à un protocole commun pour que l’on puisse gérer l’électroménager, la hi-fi, la vidéo, le chauffage, l’éclairage… Trouvez un terrain d’entente comme l’informatique a su le faire en son temps avec le TCP/IP. Il permet de relier entre eux tous les ordinateurs, les smartphones, les tablettes, les serveurs de la maison et de la planète… Il permet au consommateur de s’affranchir de la peur que le nouveau périphérique réseau acheté pour la maison ne soit pas compatible avec le réseau informatique domestique en place. A moins que…. A moins que l’omniprésence de ce TCP/IP indépendant ne prenne sous sa coupe également les périphériques de la maison communicante en apportant une réponse extérieure à la tant souhaitée interopérabilité des objets communicants.
Messieurs les constructeurs continuez à vous mettre d’accord mais ne tardez pas trop!
Source : Bosch