Comme vous le savez, plusieurs start-up de la French Tech feront le voyage au CES 2017 à Las Vegas en janvier prochain. C’est le cas notamment de Icohup. Cette start-up basée à Limoge va faire ses grands débuts sur la scène internationale de l’innovation avec leur premier produit: Rium. Je vous propose de découvrir ce capteur de radioactivités de poche grâce à l’interview de Gaël Patton co-créateur de Rium.
Bonjour Gaël en tant que le concepteur de Rium, peux-tu nous présenter tout d’abord l’équipe qui a permis de donner naissance à cet objet connecté bourré de capteurs?
Bien, sur ! Nous sommes une équipe de quatre associés : Louis Moreau est en charge du développement des logiciels et des services web. Il est élève ingénieur à 3iL & étudiant en sécurité informatique à l’Université de Limoges. Christophe Dujardin, professeur à l’Université Lyon 1 au sein de l’Institut Lumière Matière, apporte son expertise scientifique et son expérience. Alexis Tantot, docteur-ingénieur de l’Ecole Centrale de Lyon, est en charge du développement électronique et de l’intégration des capteurs dans différents environnement. Enfin, je suis moi-même docteur en physique de l’Université Lyon 1, je supervise les activités de R&D et je suis président de la société Icohup.
Et Rium alors, quel est cet objet que tu emmènes au CES 2017?
Rium est un détecteur de radioactivité révolutionnaire ! Grace à ses performances, il rivalise avec les détecteurs professionnels les plus puissants, mais nous le vendons à un prix très réduit d’environ 400€ TTC. RIUM est le seul détecteur à moins de 10 000 € capable de mesurer tous les types de radioactivité et identifier leurs origines. Et j’insiste sur ce dernier point, l’identification, qui est impossible avec un compteur Geiger. Connecté à un logiciel pédagogique, les données collectées, et mise librement à disposition, peuvent avoir différentes applications.
A qui s’adresse Rium?
Les usages sont nombreux :
Le produit actuellement en prévente sur Indiegogo s’adresse aux particuliers, à nous tous. Pour cela nous avons travaillé sur un design agréable et une application mobile très pédagogique. L’aspect sciences citoyennes, ou sciences participatives, est important pour nous.
Une version « conditions extrêmes » sera disponible en janvier pour des usages particuliers : sécurité & défense, embarquement sur drone, etc. On vise également des entreprises, notamment vis-à-vis de la RSE.
Et RIUM peut s’interfacer facilement avec de nombreux environnements, ce qui prend du sens dans le cadre de la maison connectée.
Nous offrons également de nombreux services web, telles que des cartographies de la radioactivité : libre de droit et sur le monde entier, ou en accès restreint sur une zone spécifique (pour une entreprise ou un hôpital par exemple).
Lorsque l’on parle de radioactivité on pense tout de suite à l’uranium de centrales. Quelle radioactivité est détectée par Rium? Quelles sont les sources de radioactivité que l’on peut trouver chez soi? Quels peuvent être leurs effets sur la santé?
Il y a effectivement les sources bien connues, qui généralement font peurs : déchets nucléaires, les accidents majeurs (Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima), etc. Et les sources auxquelles on s’expose parfois quotidiennement, et que l’on ne connait pas. Je cite souvent le cas de la collection de pierres, plus ou moins précieuses. L’exception n’est pas la collection qui contient une source de radioactivité, mais celle qui n’en contient pas. Mais je pourrais aussi parler des vieux paratonnerres, et de dizaines d’autres objets qui vont de certains pendentifs à porte-clefs phosphorescents.
Enfin, le radon, ce gaz radioactif émis par les sols et qui s’accumule dans les habitations, est une problématique de santé publique. Respirer ce gaz augmente le risque de cancers des poumons, et il est estimé que le radon serait à l’origine de 10% de ces cancers.
En matière de radioprotection la règle est de minimiser au maximum son exposition pour l’imiter l’impact sur la santé et réduire la probabilité de développer un cancer radio-induit. Mais le rôle de Rium est de rassurer, et via son application mobile, il est capable d’informer sur des niveaux de vigilance différents. La radioactivité est présente partout, il ne faut pas paniquer a priori! L’important étant l’accès à l’information !
La radioactivité est donc partout autour de nous et si j’ai bien compris Rium permet de la détecter. Comment cet objet nous aide-t-il à nous en prémunir? Il y a-t-il des gestes simples ou des réflexes salvateurs à faire en fonctions des sources potentielles de radioactivité?
Grace à notre technologie nous sommes en mesure de comprendre l’environnement de l’utilisateur et de le conseiller sur les mesures de protection adaptées à chaque situation, car il y a un réflexe différent à avoir dans chaque situation.
- Une pierre radioactive dans la collection ? On peut conseiller de la mettre dans un endroit peu accessible de la maison, et déconseiller de l’exposer sur la table de nuit.
- Un vieux paratonnerre radioactif ? Faites le recycler, mais ne vous en servez pas de presse papier sans savoir que c’est une source radioactive.
- Des verres teintés à l’uranium ? J’en trouve chaque année sur des brocantes ! Ils ne sont pas à bannir à tout prix, mais il faut être conscient de l’existence de ces sources.
Les exemples ne manquent pas ! Nous apportons l’instrument et la pédagogie nécessaire pour permettre à tous de comprendre son environnement !
Un fois la source identifiée et écartée, quel est le rôle de Rium? Il y a-t-il des radioactivités “cycliques” qu’il peut pister?
L’exemple typique est celui du radon, ce gaz émis par les sols et présent dans les maisons : il s’agit d’un gaz, il faut donc aérer. Mais au bon moment ! Rium peut analyser la concentration en radon, et conseiller l’utilisateur pour bien réagir. Mieux : Rium pourra se connecter aux ventilateurs et autre VMC, permettre à la maison connectée de réguler elle-même le radon !
Rium est un objet connecté avec le smartphone. Qu’apporte cette fonctionnalité à un détecteur de radioactivité?
Premièrement c’est grâce aux fantastiques possibilités offertes par le smartphone, ou autre calculateur puissant, que l’on peut proposer un instrument aussi peu cher avec ces performances !
Et le smartphone permet d’avoir, via notre application, une profondeur d’information immense : de l’usage pédagogique dans les lycées, à l’utilisation par des citoyens n’ayant aucune formation dans le domaine, en passant par des chercheurs qui veulent un outils souple et peu cher, tous les usage sont possibles !
Peut-on utiliser Rium en l’associant à une domotique existante comme le serait une station météo ou bien un capteur de CO ou de CO2?
Bien sûr ! Rium se connecte en Bluetooth, microUSB ou RJ45 (plus d’autres format avec des adaptateurs), et son format de données sera accessible à tous : il s’intégrera donc très bien dans l’environnement complexe d’une maison de plus en plus connectée.
Enfin Rium est-il au stade de concept, de prototype opérationnel ou bien est-il disponible dès maintenant? Quel est son prix?
Rium est aujourd’hui en préventes (Indiegogo), le prototype fonctionne et une présérie est en cours de production. Il nous manque que des commandes pour lancer la production ! D’où la campagne de financement participatif.
Le prix sera proche de 400€ TTC, et il est disponible en prévente entre 320 et 420 $ (300-400€).
Quel est le but de votre présence dans 2 semaines au CES de Las Vegas?
Nous cherchons premièrement à nous faire connaitre. Notre société sera créée officiellement la semaine prochaine, le CES est donc une rampe de lancement majeure pour nous et notre campagne Indiegogo. Avec des objectifs de ventes internationaux (Europe, USA, Japon,etc.), notre intérêt pour le CES était une évidence. Et n’oublions pas que nous allons réaliser une levée de fonds courant 2017 : avis aux investisseurs!
Petite question pour la fin: d’ou vient le nom Rium?
Nous avons choisi le R de Radioactivité, et le suffixe –ium caractéristique de nombreux éléments chimiques, tels que aluminium, et dont certains sont radioactifs : uranium, césium, …
Merci Gaël pour cette interview. Pour terminer je vous laisse en compagnie de la vidéo de présentation du produit.
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